‏ Genesis 33

3. Le juste à ces paroles, frappé de la grandeur de celui qui s’entretenait avec lui, reprit : Faites-moi connaître votre nom. Et il lui répondit : Pourquoi me demandes-tu mon nom ? Et il le bénit. (29) Comme s’il disait : Demeure dans les bornes qui te conviennent et ne dépasse pas ta mesure. Tu veux obtenir ma bénédiction : eh bien ! je te l’accorde. Il le bénit, dit le texte, et Jacob appela cet endroit : Apparence de Dieu. Car, dit-il, j’ai vu Dieu face à face et nia vie a été sauvée. (Id 30) Voyez-vous quelle hardiesse lui a donnée cette vision ? Ma vie, dit-il, a été sauvée, vie que la crainte m’avait presque ravie. Puisque Dieu a daigné se manifester à moi face à face, ma vie a été sauvée. Et le soleil se levait, lorsque la vision de Dieu disparut. (Id 31) Vous avez vu comment Dieu condescend à l’infirmité humaine pour accomplir et gouverner toute chose, et comment il manifeste sa bonté suprême ? Et ne vous déconcertez pas, mon bien-aimé, de la grandeur de cet abaissement ; mais souvenez-vous qu’au temps du patriarche Abraham, lorsqu’il était assis au pied du chêne, le Seigneur a, sous la forme d’un homme, reçu avec les anges l’hospitalité du, juste, nous annonçant ainsi de loin et dès l’origine, qu’il prendrait la forme d’un homme pour délivrer la nature humaine tout entière de la tyrannie du démon et pour la conduire au salut.

Comme ce n’était alors que le principe et le prélude de l’Incarnation, il ne se manifestait à chaque patriarche que sous une forme apparente, comme lui-même le dit parle Prophète : J’ai multiplié les visions, et des images de moi se sont produites sous la main des prophètes. (Ose 12,10) Mais quand il a daigné prendre la forme d’un esclave et entreprendre notre régénération, ce n’est point sous une forme apparente et fantastique, c’est en réalité qu’il s’est revêtu de notre chair. Aussi, a-t-il consenti à embrasser notre condition, tout entière, à naître d’une femme, à être petit enfant, à être enveloppé de langes, à être allaité, à supporter toutes nos misères, afin de bien établir la foi en la réalité de l’Incarnation, et de fermer la bouche aux hérétiques. C’est pour cela qu’il dort sur la barque, qu’il voyage et se fatigue, qu’il supporte toutes les misères humaines, afin de pouvoir confirmer pleinement par des faits la foi de chacun. C’est pour cela qu’il comparaît au tribunal, qu’il est mis en croix, qu’il souffre une mort infamante et qu’il est mis dans le tombeau, afin que le mystère de l’Incarnation soit prouvé jusqu’à l’évidence. Car, s’il n’avait pris en réalité notre chair, il n’eût pas été crucifié, ne serait pas mort, n’eût pas été enseveli et ne serait pas ressuscité. Et, s’il ne fut pas ressuscité, toute la doctrine de l’Incarnation serait bouleversée. Voyez-vous dans quelle absurdité tombent ceux qui ne veulent pas adopter la règle suprême de l’Écriture divine, mais tout soumettre à leurs propres raisonnements ? Mais de même que la vérité est ici manifeste, de même au temps de ce juste, il n’y en avait qu’une figure qui devait confirmer sa croyance en la Providence dont il était l’heureux objet, sa croyance qu’il était invincible à quiconque voudrait lui dresser des embûches. Ensuite, afin que personne à l’avenir n’ignorât la vision qu’il avait eue, il boita de la cuisse. Et, c’est à cause de cela que, jusqu’à ce jour, les enfants d’Israël, ne mangent pas du nerf de la cuisse qui s’est engourdi, parce que Jacob a touché laXXX, 34-36 largeur de la cuisse, qui s’est engourdie. (Id 32,33) Parce que ce juste, après avoir rempli sa carrière, devait quitter la vie, il fallait que la tendresse vigilante de Dieu envers lui et cet abaissement immense fussent connus de toutes les générations ; c’est pourquoi il dit : Que les enfants d’Israël ne mangent point ce nerf de la cuisse qui s’est engourdi. Connaissant toute leur ingratitude et leur oubli des bienfaits divins, il a employé ce moyen de conserver en eux la perpétuelle mémoire de ses bienfaits ; il leur en a fait conserver des monuments dans ses observances : c’est ce que l’on trouve partout dans l’Écriture. Et telle est surtout la cause du plus grand nombre des observances : il a voulu que les générations qui se succèdent ne cessassent jamais de méditer les bienfaits divins et ne revinssent point, par l’oubli qu’ils en feraient, à l’égarement qui leur était naturel ; car telle était surtout la coutume de la race des Juifs. Ce peuple, qui montra si souvent son ingratitude pour les bienfaits, eût, bien davantage encore, éloigné de sa pensée ce que Dieu avait fait pour lui, s’il n’en eût point été ainsi. Mais, voyons la suite, voyons comment s’opéra la rencontre de Jacob avec son frère.

Ayant donc reçu un suffisant encouragement ; ainsi que l’assurance qu’il serait fort et puissant parmi les hommes : Jacob leva les yeux, dit le texte, et il vit Esaü, son frère, et quatre cents hommes avec lui. Et il partagea ses enfants entre Lia, Rachel et les deux servantes. Il mit en première ligne les deux servantes et leurs enfants, puis Lia et les siens, enfin Rachel et Joseph. Et lui-même marcha en avant et s’inclina sept fois vers la terre, jusqu’à ce qu’il se fût approché de son frère. (Gen 33,1-3) Voyez comment, après cette division, il va le premier à la rencontre d’Esaü. Et il s’inclina sept fois vers la terre, jusqu’à ce qu’il se fût approché de son frère, entraînant Esaü par son attitude et ses profondes salutations à se montrer amical envers lui ; ce qui arriva en effet. Esaü, dit le texte, accourut, le prit dans ses bras et lui donna un baiser, et il s’inclina sur son cou, et ils pleurèrent tous deux. (Id. 4)

4. Voyez comment Dieu gouverne toutes choses : Ce que je vous disais hier, je le dis encore aujourd’hui, que, lorsque le Maître de l’univers veut nous témoigner sa tendresse vigilante, il sait rendre plus doux que des brebis ceux qui ont des sentiments hostiles à notre égard. Considérez quel changement Esaü témoigne : Il accourut à sa rencontre, le prit dans ses bras et lui donna un baiser, et ils pleurèrent tous deux. A peine le juste a-t-il pu respirer et secouer sa crainte ; à peine est-il délivré de son inquiétude et s’est-il enhardi : Esaü, dit l’Écriture, ayant levé les yeux, vit les femmes et les enfants, et dit : Sont-ils à toi ? (Id. 5) A la vue des richesses de son frère, il fut frappé d’étonnement ; aussi voulut-il l’interroger. Et que lui dit le juste ? Ce sont les enfants que la miséricorde de Dieu a donnés à ton serviteur. (Id) Voyez quelle est la force de la douceur et comment, par l’humilité de ses paroles, il contenait la colère d’Esaü : Les servantes et les enfants s’approchèrent ; Lia et Rachel s’inclinèrent, et il dit : Sont-ils tous à toi, ces camps que j’ai rencontrés ? Et Jacob répondit : c’était pour que ton serviteur trouvât grâce devant toi. (Id 6-8)

Voyez, je vous prie, comment son extrême humilité l’a rendu maître de son frère, et comment celui qu’il pensait être rempli d’une brutale inimitié contre lui, il l’a trouvé si doux qu’il veut mettre à son service tout ce qui lui appartient. Esaü lui dit : Je suis riche, mon frère, garde ce qui t’appartient. (Id. 9) Mais Jacob ne le souffrit pas, et montrant combien il avait d’empressement à posséder ses bonnes grâces, il reprit : Si j’ai trouvé grâce devant toi, accepte des présents de mes mains, car j’ai vu ton visage, comme on verrait le visage de Dieu. (Id 40) Accepte, lui dit-il, les présents qui te sont offerts de ma part. Car j’ai eu à voir ton visage une joie semblable à celle qu’on aurait en voyant celui de Dieu. Ces paroles, le juste les disait par déférence, pour l’adoucir et l’amener à l’amitié d’un frère. – Et tu m’aimeras, voulant dire : Tu feras à mon égard ce qu’il convient que tu fasses. Reçois donc ces bénédictions que je t’ai apportées, parce que Dieu a eu pitié de moi et que rien ne me manque. (Id 11) Ne refuse pas de l’accepter, lui dit-il, car tout cela m’a été donné par Dieu ; c’est lui qui m’a fait obtenir tout cela. Ainsi Jacob instruisait doucement son frère des soins que la Providence divine daignait avoir de lui, et le préparait à lui témoigner un grand respect. Et il l’obligea d’accepter ses présents. (Id)

Voyez ensuite quel changement. Esaü dit : Partons et marchons devant nous. ( 12) Comme s’il eût dit : Désormais nous voyagerons ensemble. Mais Jacob lui fait une demande fondée sur un motif plausible Mon seigneur sait que les enfants sont plus délicats que nous, les brebis et les vaches mettent bas ; si donc je les presse durant un jour, ils mourront. (Id 13) Je ne puis, dit-il, abréger mon voyage, mais je suis contraint de marcher lentement et à petites journées, à cause de mes enfants et de mes troupeaux, afin qu’ils ne succombent pas à un excès de fatigue. Marche donc toi-même, et moi, diminuant la fatigue de mes enfants et de mes bestiaux, j’irai te rejoindre à Séir. (Id 14) Son frère alors lui dit : Si tu le veux, je vais te laisser quelques-uns de ceux qui m’accompagnent (Id 15), lui témoignant son respect et sa com plaisance. Mais Jacob n’accepte pas même cette offre : Il me suffit, lui dit-il, d’avoir pleinement trouvé grâce devant toi. (Id) Ce que je désirais avec empressement, c’était de te trouver favorable. Puisque je l’ai obtenu, je n’ai plus besoin d’autre chose. Et Jacob partant de là, alla camper avec ses troupeaux ; et il appela ce lieu : les Tentes. (Id 17)

5. Écoutons ces paroles, imitons le juste montrons une humilité semblable à la sienne ; et, s’il est des hommes dont les dispositions soient fâcheuses à notre égard, n’enflammons pas davantage leur colère, mais apaisons leur haine par la ; douceur et l’humilité de notre langage et de nos actions ; portons remède au mal de leur âme. Voyez la sagesse de ce juste, voyez comment la courageuse patience de son langage a si bien adouci Esaü, qu’il cherche à lui témoigner de la déférence et veut de toute façon lui faire honneur. Le fait d’une grande vertu, ce n’est pas de s’appliquer à chérir ceux qui sont envers nous ce qu’ils doivent être, mais d’attirer à nous, par notre grande indulgence, ceux qui veulent nous offenser. Rien n’est plus énergique que la douceur. Comme souvent un bûcher ardent s’éteint si l’on y jette de l’eau, de même la colère, plus enflammée qu’une fournaise, s’éteint devant un langage formulé avec douceur, et nous obtenons un double avantage, celui de témoigner de la douceur et celui de délivrer de trouble, en apaisant son irritation, la raison de notre frère. Eh ! quoi donc, dites-moi, ne blâmez-vous pas, n’accusez-vous pas votre frère de sa colère et de ses dispositions hostiles à votre égard ? Pourquoi donc ne pas vouloir vous efforcer de marcher dans une voie différente ? pourquoi vouloir vous irriter plus que lui ? On ne peut éteindre le feu avec du feu ; telle n’est pas sa nature. Une colère ne saurait éteindre une autre colère ; mais ce que l’eau est au feu, la bonté et la douceur le sont à l’emportement. C’est pour cela que le Christ disait à ses disciples : Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? (Mat 5,46) Puis, afin de s’emparer de leur âme en les faisant rougir et de toucher ceux qui veulent négliger sa loi, il ajoute : Les publicains n’en font-ils pas autant ? Le plus lâche ne le fait-il pas bien ; et les publicains ne s’y montrent-ils pas empressés ? Qu’y a-t-il de pis qu’un publicain ? cependant vous trouverez ce devoir pleinement rempli par eux, et il n’est pas possible de ne pas aimer aussi, quand on est aimé soi-même. Mais moi qui veux que vous soyez plus parfaits, et que vous ayez une vertu qu’ils n’ont pas, je vous avertis d’aimer même vos ennemis. C’est ce qu’a fait ce bienheureux avant la loi donnée, avant cet enseignement extérieur, mais par l’impulsion de sa conscience et de son extrême bonté ; c’est ce qui l’a fait triompher d’abord de Laban, et maintenant de son frère. Car, s’il a joui de l’assistance d’en haut, il a aussi montré les qualités de son âme. Soyons de même persuadés que, quelque multipliés que soient nos efforts, nous ne pourrons réussir sans la protection d’en haut. Et de même que, sans cette divine assistance, nous ne pourrions accomplir aucun de nos devoirs, de même, si nous n’y apportons ce qui dépend de nous, nous ne saurions obtenir cette protection. Faisons donc avec zèle ce qui dépend de nous, afin d’attirer sur nous les tendres soins de Dieu, en sorte que, par notre zèle et par la bonté divine, notre vertu se fortifie de jour en jour et que nous jouissions de l’abondance de la grâce d’en haut, que je vous souhaite à tous d’obtenir, par la grâce et l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel soient, avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, puissance, Honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

CINQUANTE-NEUVIÈME HOMÉLIE.

« Et Jacob vint à Salem ville des Sichimites, et il acheta de Hemor, père de Sichem, une portion de terrain, au prix de cent agneaux ; et il y dressa un autel, et il invoqua le Dieu d’Israël. » (Gen 33,18-20)

ANALYSE.

  • 1. Explication des versets 18-20. —2. Vanité des richesses. Explication des versets 1-12 du XXXIVe chapitre. —3. Explication des versets 13-31. Il faut marier les jeunes gens. —4. Explication des versets 1-8 du chapitre XXXV. —5. Épilogue moral touchant la correction des enfants.

1. Vous avez vu hier
Dans une homélie perdue.
la suprême bonté du Maître de tout l’univers, la sagesse des disciples et l’injustice des Juifs. Vous avez vu avec quelle patience il a réprimé leur audace impudente, prenant la défense de ses disciples, et montrant qu’eux-mêmes, en voulant se faire les vengeurs de la loi, en méconnaissaient l’esprit et voulaient demeurer assis dans l’ombre, quand la vérité brillait déjà. Vous avez vu comment il s’occupait à abolir, dans l’origine et le principe, les observances de la loi, enseignant que, le Soleil de justice étant levé, la lumière de la lampe ne pouvait plus être employée ; car l’éclat du soleil la rend inutile. Vous avez appris comment il est possible d’être toujours en fête et de se dégager de l’observance des temps. C’est pour cela que notre Maître est venu ; c’est pour nous délivrer des obligations temporaires et nous rendre capables de voler plus haut, d’avoir notre cité dans le ciel, d’imiter, quoique nous soyons hommes, la vie des anges et de nous rire de toutes les préoccupations humaines. Reprenons donc aujourd’hui, s’il vous plaît, la suite de notre discours d’avant-hier, et, revenant aux paroles du bienheureux Moïse, nous leur emprunterons la nourriture de vos âmes. Vous savez que Jacob ; revenu de Mésopotamie, avait eu une entrevue avec son frère, puis s’en était séparé, celui-ci étant allé habiter Séir et Jacob ayant dressé ses tentes dans un lieu qu’il nomma pour cela les Tentes : nous avons terminé là notre discours. Nous devons donc reprendre la suite pour vous donner, suivant nos forces, votre enseignement spirituel. Le juste se trouvant sans crainte et délivré maintenant de toute anxiété, alla, dit l’Écriture, dans une ville des Sichimites, et il acheta de Hémor, père de Sichem, une portion de terrain, au prix de cent agneaux ; et il y établit un autel, et il invoqua le Dieu d’Israël. Ne passons point légèrement sur ce qui est contenu dans les divines Écritures. Car si les hommes qui recueillent dans la terre des parcelles d’or, se soumettent à toutes les fatigues et supportent toute sorte d’incommodités pour arriver à séparer l’orle la terre, combien plus est-il juste que nous scrutions les oracles du Saint-Esprit et que nous en recueillions le fruit avant de nous retirer. Comprenez donc, je vous prie, la philosophie de cet homme admirable : il jouissait de la protection d’en haut ; il voyait sa richesse accrue, j’entends la quantité de son bétail il se voyait entouré d’une troupe nombreuse d’enfants, et il ne s’appliqua point à élever pour lui des constructions magnifiques, il ne s’empressa point d’acheter, des domaines et des maisons de campagne qu’il pût partager entre ses enfants. Car voilà le prétexte qu’on nous oppose aujourd’hui, et souvent celui qui n’a qu’un seul fils travaillé pour amasser un nombre infini de talents d’or, acheter des champs et élever de somptueux édifices. Et plût à Dieu que ce soit par des travaux légitimes et sans injustice qu’il ait amassé toutes ces richesses ! mais ce qui est intolérable, ce qui est surtout terrible, c’est que la rapine et la fraude fait de toutes parts passer entre ses mains la fortune d’autrui. Et si on lui demande : pourquoi donc cette fureur d’amasser ? il objecte aussitôt son fils et dit qu’il fait tout cela par amour pour lui. Mais bien qu’il se couvre de ce prétexte pour consacrer ses injustices, c’est en vain qu’il s’efforce de le faire. Et il en est qui, n’ayant pas même d’enfants, sont possédés de la fureur d’amasser et aimeraient mille fois mieux subir des maux sans remède que de donner une obole à l’un de ceux qui la leur demandent.

Ce juste n’avait point cette préoccupation, il n’y songeait pas, mais, lorsqu’il eut besoin d’acheter un modeste champ, il donna cent agneaux, et acquit ainsi de Hémor, père de Sichem, une portion de terrain. Et voyez la piété de Jacob et pour quel motif il souhaitait acquérir un champ. Et il y établit un autel, et il invoqua le Dieu d’Israël. Il n’a acheté cette portion de terrain que pour rendre ses actions de grâces au Maître de l’univers. Tous devraient se faire les émules de cet homme vivant selon la grâce avant que l’a loi fût donnée, et non se livrer ainsi à la fureur d’amasser des richesses. Car, dites-moi, pourquoi amasser sur soi des fardeaux d’épines ? et ne sentez-vous pas que vous laissez à vos enfants la matière et l’occasion du vice ? Ne savez-vous pas que vous devez veiller sur vous plus que sur votre enfant, et qu’en lui témoignant une prévoyance exagérée, vous vous attachez à lui laisser toute facilité pour perdre son âme dans l’abîme ?

Ne savez-vous pas que la jeunesse est par elle-même disposée à succomber et qu’elle incline au mal ? Lorsqu’elle se voit en possession d’abondantes richesses, la pente vers le vice est pour elle bien plus glissante. Car, de même que le feu, s’il reçoit des aliments, lance une flamme plus ardente ; de même aussi la jeunesse, recevant cette matière – inflammable des richesses, allume dans l’âme un brasier qui la consumera tout enture. Comment donc un homme ainsi tenté pourra-t-il s’adonner à la tempérance, fuir la débauche et embrasser les travaux de la vertu ou quelque couvre spirituelle ?

Copyright information for FreChry