‏ Genesis 46

2. Apprenons par cet exemple, quelle que soit l’affaire qui nous préoccupe, une entreprise, un voyage, à offrir tout d’abord au Seigneur le sacrifice de prière, à ne pas nous mettre à l’œuvre avant d’avoir invoqué son appui, à imiter enfin la piété de ces justes. Il offrit un sacrifice au Dieu de son père Isaac : c’est pour vous faire entendre qu’il marchait sur les traces de son père, et qu’il servait Dieu à la manière d’Isaac. Et il n’eut pas plus tôt témoigné sa reconnaissance par ses actions de grâces, qu’il sentit les effets de la faveur d’en haut. Considérant la longueur du voyage et sa vieillesse, il craignait que la mort ne vînt le surprendre avant la rencontre qui devait le faire jouir de la vue de son fils. Il conjure donc le Seigneur de prolonger sa vie jusqu’à ce qu’il ait goûté ce bonheur parfait. Et voyez comment le bon Dieu exauce pleinement ce juste. Dieu dit à Israël dans une vision de nuit : Jacob ! (Id. 2) Je suis le Dieu de tes pères : Ne crains point de partir pour l’Égypte, car je t’y rendrai le chef d’un grand peuple. (Id. 3) Je partirai avec toi, et je te ramènerai, et Joseph te fermera les yeux de ses mains. (Id. 4) Voyez comment le Seigneur promet au juste ce qu’il désire, ou plutôt bien au-delà. Dans sa générosité il enchérit sur nos demandes, fidèle à son amour pour les hommes. Ne crains point de partir pour l’Égypte. Jacob était inquiet à cause de la longueur du voyage ; Dieu lui dit : Ne te laisse point arrêter par l’infirmité de la vieillesse. Je t’y rendrai le chef d’un grand peuple, et je partirai avec toi pour l’Égypte. Je t’assisterai, j’aplanirai devant toi tous les obstacles ; Remarquez l’affabilité de cette parole : Je partirai avec toi pour l’Égypte. Quel bonheur plus complet que celui d’avoir Dieu pour compagnon de voyage ? Puis la consolation dont le vieillard avait surtout besoin ; Joseph te fermera les yeux de ses mains. Ce bien-aimé, lui-même aura soin de toi, il te fermera les yeux. Sois donc en joie et sans alarmes, et mets-toi en route. Voyez maintenant avec quelle allégresse le juste accomplit ce voyage, rassuré qu’il est par la promesse divine. Jacob se leva, et ses fils avec lui. (Id. 5) Et ils prirent tous leurs biens et vinrent en Égypte. (Id. 6) Soixante-six âmes le suivirent en Égypte. (Id. 7) Et Joseph avec les fils qui lui étaient nés faisait neuf personnes ; de sorte qu’en tout, il y avait avec Joseph soixante-quinze âmes. Dans quel but la divine Écriture nous marque-t-elle ce nombre avec exactitude ? C’est pour nous faire savoir comment se réalisa la prédiction divine, ainsi conçue : Je t’y rendrai le chef d’un grand peuple. (Exo 12,37) Car, la race d’Israël, qui avait commencé par ces soixante-quinze âmes, s’accrut jusqu’au nombre de six cent mille. Voyez-vous comment ce n’est point au hasard ni sans motif que l’auteur sacré nous fait connaître le nombre des personnes qui vinrent s’établir en Égypte ; il veut nous faire mesurer par là le développement que prit cette famille et nous enseigner à ne pas douter des promesses de Dieu. Songez seulement qu’après la mort de Jacob, le roi des Égyptiens, malgré tous ses efforts pour limiter la multiplication de cette race et en arrêter la propagation, ne put y réussir, qu’elle ne fit au contraire que croître et s’augmenter encore ; et puis, restez frappés d’admiration en face de la Providence de Dieu qui réalise infailliblement ses décrets, quelques obstacles qui s’y opposent. Mais considérons toute la suite, afin de voir comment Jacob jouit enfin de cette heureuse réunion. Quand il approcha de l’Égypte, il dépêcha Juda devant lui auprès de Joseph, afin de lui faire savoir que son père arrivait. (Id 28) À cette nouvelle, Joseph ayant fait atteler son char, alla à la rencontre de son père, et, quand il fut en sa présence, il se jeta et son cou, et répandit des larmes abondantes. (Id 29) Voilà ce que je disais en commençant, que l’excès de la joie arrache souvent des larmes. Il se jeta à son cou et pleura, que dis-je ? il répandit des larmes abondantes. Car aussitôt il se rappelle et ses propres infortunes, et ce que son père a souffert à cause de lui ; il songe à la longueur du temps écoulé, et comment c’est contre toute espérance qu’il revoit son père, que son père le revoit, et il verse un torrent de larmes, tout à la fois manifestant l’excès de son allégresse, et rendant grâces au Seigneur de ce qui était arrivé. Et Jacob dit d Joseph : Je puis mourir à présent ; puisque j’ai vu ton visage. Car tu vis encore. (Id 30) J’ai obtenu ce que je désirais ; j’ai goûté un bonheur auquel je ne m’attendais plus ; ce que j’avais cessé d’espérer se réalise ; j’ai assez vécu, car j’ai vu celui que je pleurais, et il suffit à mon plein contentement de savoir que tu vis encore, toi que je croyais mort depuis longtemps et dévoré par les bêtes féroces. C’est la parole d’un père, parole pleine de tendresse, et propre à manifester le trésor d’affection qui était en réserve dans son âme. Et Joseph dit à ses frères : J’irai annoncer cette nouvelle à Pharaon, je lui dirai : Mes frères sont venus, ce sont des bergers. (Id 31) Ce sont des éleveurs de troupeaux et ils amènent leurs bêtes et leurs bœufs. (Id 32) Si donc Pharaon vous mande et dit : Quel est voire métier ? Répondez (Id 33) : Nous sommes éleveurs de troupeaux. Car tout pasteur de brebis est un objet d’abomination pour les Égyptiens. (Id 34)

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