John 11
HOMÉLIE LXII.
IL Y AVAIT UN HOMME MALADE, NOMMÉ LAZARE, QUI ÉTAIT DU BOURG DE BÉTHANIE, OU DEMEURAIT MARIE, ET MARTHE, SA SŒUR. – CETTE MARIE ÉTAIT CELLE QUI RÉPANDIT SUR LE SEIGNEUR UNE HUILE DE PARFUM. (CHAP. 11, VERS. 1, 2, JUSQU’AU VERS. 29)ANALYSE.
- 1. Difficulté proposée sur Marie, sueur de Lazare. – Jésus-Christ déclare une fois de plus que sa gloire est la même que celle de son Père.
- 2. C’est la crainte qui fit dire à saint Thomas cette parole : Allons aussi mourir avec lui. – Jésus se rend à Béthanie pour ressusciter Lazare.
- 3. Je suis la résurrection et la vie. – Jésus-Christ a attendu que Lazare sentît mauvais pour le ressusciter, pourquoi ?
- 4 et 5. Immodestie des femmes dans le deuil et dans la calamité. – Scandale qu’elles donnent aux païens. – Tort qu’elles font à la religion par leurs excès. – Discours des païens : beaux exemples de philosophie et de modération qu’ils ont donnés. – On fait par respect humain ce qu’on ne ferait point par la crainte de Dieu. – L’affliction qu’on a pour les morts doit être modérée : pleurer plutôt sur soi que sur les morts. – Les pleurs ne sont pas défendus. – Aumônes, oblations, prières pour les morts. – Comment on doit les honorer. – Maux que produisent la tristesse et les pleurs immodérés. – Il est permis de pleurer les morts, mais non avec excès.
▼Ménade, bacchante, femme en fureur qui, chez les païens, célébrait les fêtes de Bacchus. On appelle aussi Ménade, une femme emportée et furieuse, qui ne garde aucune mesure, etc.
, et vous ne croyez pas offenser Dieu ? Quelle extravagance et quelle folie ! Les païens n’en riront-ils pas ? Ne diront-ils pas que notre religion, que notre doctrine n’est qu’un conte et qu’une fable ? Oui, sans doute ; ils diront : il n’y a point de résurrection ; mais les dogmes chrétiens sont ridicules, ils ne sont que mensonges et qu’illusions. Car parmi eux les femmes, comme s’il ne restait plus rien après cette vie, ne font nulle attention à leurs Écritures : leurs Écritures et tout ce qu’ils enseignent ne sont que de pures fictions, comme le prouve la conduite de ces femmes. En effet, si elles croyaient que celui qui est mort, n’est point véritablement mort, mais qu’il est passé à une meilleure vie, elles ne pleureraient pas comme s’il n’était plus ; elles ne s’affligeraient point tant, elles ne prononceraient pas de ces sortes de paroles, qui sont une visible démonstration de leur incrédulité : je ne te verrai plus, je ne te retrouverai plus. Tout n’est que fables et illusions parmi les chrétiens. Que si la résurrection, qui est le fondement et le gage de tous les biens qu’ils espèrent, n’obtient nulle créance parmi eux, à bien plus forte raison ne croiront-ils point à leurs autres dogmes ? Non, les gentils ne sont pas si faibles, ni si lâches : plusieurs d’entre eux ont donné des preuves de sagesse. Une femme païenne, apprenant que son fils était mort au combat, fit aussitôt cette demande : En quel état est notre patrie, où en sont nos affaires ? Un de leurs philosophes, qui avait sur la tête une couronne de fleurs, reçoit la nouvelle qu’un de ses fils était mort pour la patrie ; alors il ôte sa couronne, il demande lequel (car il en avait deux) ; l’ayant appris, il la remet sur-le-champ. Beaucoup de païens ont donné leurs fils et leurs filles pour être offerts en sacrifices à leurs dieux. Les femmes de Sparte exhortaient ainsi leurs enfants : Ou rapportez vos boucliers du combat, ou qu’on vous rapporte morts sur vos boucliers. Certes, j’ai honte de voir les gentils philosopher si bien et montrer tant de sagesse, tandis que nous nous conduisons si honteusement. Ceux qui n’ont aucune idée de la résurrection, se conduisent comme s’ils en avaient une vraie connaissance ; et nous qui en sommes parfaitement instruits, nous vivons comme si nous n’en avions point entendu parler. Plusieurs font, par respect humain, ce qu’ils ne feraient pas pour Dieu même. Car les femmes qui sont au-dessus des autres par leurs richesses, n’arrachent point leurs cheveux, elles ne découvrent pas leurs bras, et en cela même elles sont très-blâmables, non de ne pas découvrir leurs bras, mais de ne le faire que par crainte de se déshonorer et non par esprit de piété. Le respect humain les retient, les empêche de se livrer à leur affliction, et la crainte de Dieu n’est point capable d’arrêter leurs larmes et de réprimer leurs douleurs ? Une pareille conduite n’est-elle pas des plus condamnables ? Il faudrait donc que ce que font les femmes riches, parce qu’elles sont riches, les femmes pauvres le fissent de même par la crainte de Dieu. Aujourd’hui tout est renversé, on fait tout le contraire de ce qu’on devrait : celles-là sont retenues par vaine gloire ; celles-ci par faiblesse manquent à la pudeur. Fatale absurdité ! Nous faisons tout pour les hommes, tout pour la terre, mais ce n’est rien encore : on tient des discours ridicules, insensés. A la vérité, le Seigneur dit : « Bienheureux ceux qui pleurent » (Mat 5,5), mais il parle de ceux qui pleurent leurs péchés, et la douleur du péché ne fait pleurer personne ; nul ne se met en peine de la perte de son âme. Il ne nous est pas commandé de pleurer ceux qui sont morts, et nous les pleurons. Quoi donc ! direz-vous, il ne sera pas permis de pleurer la mort d’un homme ? Ce n’est point là ce que je défends : je blâme ces coups, ces meurtrissures, ces pleurs excessifs et immodérés. Je ne suis ni dur ni inhumain ; je sais la faiblesse de la nature, et les regrets que laisse après elle une longue intimité. Nous ne saurions nous empêcher de pleurer ; Jésus-Christ lui-même l’a fait voir, il a pleuré Lazare. Faites de même ; pleurez, mais doucement, mais modestement, mais avec la crainte de Dieu. Si vous pleurez de cette sorte, vous ne pleurez pas comme ne croyant point à la résurrection, mais comme ne pouvant supporter la séparation. 5. En effet, ceux qui vont faire un long voyage, nous les accompagnons de nos larmes, mais nous ne pleurons pas comme si nous désespérions de les revoir. Vous de même répandez des larmes sur ce mort, comme si vous l’envoyiez faire un voyage devant vous ▼▼Ceux qui meurent, dit Grégoire de Nazianze, ne font que prendre les devants. (Orat 19)
. Ce n’est point un commandement que je vous fais, je ne parle ainsi que pour m’accommoder à votre faiblesse. Si celui qui est mort était un pécheur, s’il a souvent offensé Dieu, sûrement il faut le pleurer, ou plutôt nous ne devons pas seulement pleurer sur lui, ce qui ne lui sert de rien, mais nous devons faire ce qui lui peut être utile et le secourir : par exemple, des aumônes, des oblations, et encore se féliciter de ce qu’il n’aura plus l’occasion de pécher ; mais si c’était un juste, il faut s’en réjouir, parce qu’il est arrivé au port ; qu’il n’a plus rien à craindre, ni nul risque à courir. S’il est jeune, il faut encore se réjouir de le voir si promptement délivré des maux et des calamités de cette vie ; s’il est vieux, c’est pour nous un sujet de joie et de consolation, qu’il ait si longtemps joui de ce qu’on regarde comme un bien très-désirable ▼▼C-à-d de cette vie présente.
. Mais pour vous, vous passez sur toutes ces considérations ; vous appelez vos servantes, vous les excitez à pleurer, comme pour honorer davantage le mort, et c’est là une honte et une extrême infamie. L’honneur que vous lui devez rendre ne consiste pas à verser des larmes, à pousser des gémissements et des cris, mais à chanter des hymnes et des psaumes ; mais à mener vous-mêmes une vie très-pure et très-sainte. Le juste qui est sorti de ce monde, encore que personne n’assiste à ses funérailles, demeurera avec les anges ; mais le pécheur qui est mort dans son péché, eût-il toute la ville à son convoi, n’en tirera aucun profit. Voulez-vous honorer les morts ? faites tout autrement que vous n’avez accoutumé de faire ; répandez des aumônes, faites de bonnes œuvres, des oblations, offrez le saint sacrifice de nos autels ▼▼C-à-d par les mains des ministres de l’Église.
. A quoi bon tant de pleurs ? J’ai appris encore une chose bien triste : c’est que par ces torrents de larmes beaucoup de femmes cherchent à s’attirer des amants, comptant sur ce grand deuil et la violente douleur qu’elles font éclater pour se procurer la réputation d’aimer passionnément leurs maris. O invention diabolique ! O artifice de Satan ! Jusques à quand serons-nous terre et cendre, et jusques à quand serons-nous chair et sang ? Levons les yeux au ciel, ayons des sentiments spirituels. Quels reproches, quelles remontrances ferons-nous encore aux gentils ? Comment oserons-nous leur enseigner la résurrection, leur parler des vertus chrétiennes ? Y a-t-il de la sûreté dans une vie si dérangée Ignorez-vous que la tristesse cause la mort ? La douleur aveuglant l’esprit, non seulement ne permet pas de voir les choses comme il faut, mais elle produit de grands maux. Par ces excès, nous offensons Dieu et nous ne faisons aucun bien ni aux morts ni à nous-mêmes ; mais, par la modération, nous nous rendons agréables à Dieu, et les hommes nous comblent de louanges si nous ne nous laissons point abattre par la douleur, nous sommes promptement délivrés de ce qui nous en reste par le Seigneur. Mais si nous nous y abandonnons, il nous laisse en quelque sorte en son pouvoir. Si nous rendons grâces au Seigneur, nous ne perdrons point courage. Et comment, direz-vous, celui qui a perdu son fils, ou sa fille, ou sa femme, peut-il s’empêcher de pleurer ? Je ne dis point qu’il ne faut pas pleurer, mais je dis qu’il ne faut pas pleurer avec excès. En effet, si nous pensons que c’est Dieu qui a pris celui que nous avons perdu, et que notre mari, notre fils, était né mortel, nous nous consolerons bientôt. Que ceux-là donc s’affligent, qui désirent une chose qui est au-dessus de la nature. L’homme est né pour mourir, pourquoi vous affliger de ce qui arrive par l’ordre de la nature ? Vous plaignez-vous de manger pour vous conserver ! a vie ? Voulez-vous vivre sans manger ? Faites de même à l’égard de la mort : vous êtes né mortel (Heb 9,27), ne demandez point à être immortel ici-bas. Il est arrêté que les hommes meurent une fois. Ainsi donc ne vous attristez point, ne vous tourmentez point, mais souffrez une loi qui est fixe et invariable pour tous les hommes. Pleurons nos péchés, voilà un deuil salutaire, voilà un acte de vraie philosophie. Ne cessons donc jamais de les pleurera afin qu’en l’autre vie nous puissions jouir de la joie et du repos éternels, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire, dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il. HOMÉLIE SUR LA RÉSURRECTION DE LAZARE ET SUR LES SAINTES MARTYRES DOMNINE, BERNICE ET PROSDOCE.
AVERTISSEMENT ET ANALYSE.
Tome IV p. 646 Cette homélie, que nous sachions, n’avait pas encore été publiée : nous l’avons transcrite d’après un ancien exemplaire de S. Em le cardinal Ottoboni ; de l’an 1699 ; les fautes y sont nombreuses : n’ayant pas d’autre exemplaire pour nous aider, nous les avons corrigées comme nous avons pu. Ce discours fut prononcé peu de jours après Pâques ; et même, comme le donne à entendre la fin du discours, le jour de la fête des saintes Bernice, Prosdoce et Domnine, leur mère, qui, ainsi que nous l’avons dit en tête de l’homélie précédente, tombe le 15 avril. Ici, Chrysostome ne les nomme pas, mais il les désigne si clairement, qu’il est impossible de ne pas les reconnaître. Il s’agit, en effet, d’une mère et de deux filles qui, pour conserver leur foi et leur pureté, se précipitèrent dans un fleuve après avoir abandonné leur patrie. Chrysostome fait précéder ce discours sur les saintes martyres du complément d’un discours antérieur, où il avait examiné pourquoi Jean était le seul des évangélistes qui eût parlé de la résurrection de Lazare. Après en avoir rappelé la raison, il parle de Lazare assez longtemps avec son style et son genre d’éloquence accoutumé. Du reste, ce sermon parait avoir été improvisé, comme un assez grand nombre d’autres, qui sont de la même brièveté. Pourquoi les évangélistes ne racontent pas tous les mêmes détails. – La résurrection de Lazare faisait croire d’avance à celle de Jésus-Christ. – Il compare la mort et la résurrection de Lazare avec le martyre de sainte Bernice, de sainte Prosdoce et de leur mère. – Le démon, qui avait jadis triomphé d’Eve, est irrité de se voir le jouet des femmes chrétiennes, si courageuses contre la mort. 1. Naguère, mes chers auditeurs, en tressant devant vous la couronne fleurie du printemps, et en inscrivant cette saison de l’année comme sur les tablettes de nos entretiens, nous ne vous montrions pas seulement les feuilles renaissant dans les bocages, l’herbe dans les prairies, et le souffle des vents printaniers se hâtant de tout rappeler à la vie ; nous vous montrions aussi notre nature, ayant reçu à cette même époque les gages de la résurrection ; et en cherchant un sujet approprié à la circonstance, nous avions trouvé la résurrection de Lazare. Mais n’ayant pu tenir notre promesse tout entière, nous avons borné notre discours au premier point : nous nous étions demandé avant tout pourquoi les autres évangélistes ne disent rien de Lazare, et pourquoi saint Jean est le seul qui en parle : nous disions que le Saint-Esprit, pour aller au-devant du soupçon d’imposture, avait permis aux évangélistes de consigner d’une manière conforme et parallèle les miracles du Sauveur, mais qu’il avait voulu aussi que l’un omît un détail, et l’autre un autre, afin de prouver avec évidence que les Évangiles n’avaient pas été écrits par supercherie, ni avec préméditation, ni par quelque plan concerté, ni dans le but de plaire ; et afin que lorsque l’apparence serait en défaut, tout dans les Évangiles témoignât clairement de leur vérité sans apprêt. Mais comme nous avons alors suffisamment établi ce point, examinons toute l’utilité, tout l’à-propos de ce miracle en faveur de Lazare. Le Sauveur, qui avait souvent entretenu ses disciples au sujet de sa passion, les voyait abattus et tremblants à un tel récit ; cette passion prédite leur apparaissait comme un signe de faiblesse plutôt que comme une réalisation des plans de la Providence, et leurs pensées encore tout humaines ne leur laissaient qu’incertitude et frayeur. C’est pourquoi comme le moment de cette passion approchait, comme la croix allait être plantée, il ressuscite Lazare qui venait de mourir, afin d’apprendre par un fait à ses disciples que la croix et la mort ne sont pas des signes de faiblesse, afin de persuader aux assistants qu’il commande à la mort et qu’il appelle l’âme à lui quand elle est dégagée des liens terrestres. Son dessein est de figurer sa mort volontaire, et sans doute il représente par avance dans Lazare sa propre résurrection au bout de trois jours ; par la courte durée de son séjour sous terre, il rassure la pusillanimité de ses disciples ; aux approches du crucifiement, il dissipe leurs craintes d’une manière victorieuse, il leur fait voir que ce qu’il accorde à autrui, il lui sera facile de se l’accorder à lui-même ; il calme leurs doutes par des actes, et donnant en quelque sorte une voix aux œuvres qu’il accomplit, il semble leur expliquer ainsi les motifs qui le font agir : « L’humanité que j’ai revêtue, je ne l’ai jamais laissée destituée de la vertu divine ; mais tour à tour comme homme et comme Dieu, tantôt je laisse voir en moi la nature humaine, et tantôt je donne des preuves de ma mission ; j’apprends ainsi aux hommes à attribuer les actes les plus humbles à l’humanité, et à rapporter les plus élevés à la divinité ; par ce mélange d’œuvres si diverses, je fais comprendre l’union de mes deux natures si dissemblables ; je montre en me soumettant librement aux souffrances, que mes souffrances sont volontaires : comme Dieu, j’ai dompté la nature en prolongeant le jeûne jusqu’à quarante jours, mais ensuite j’ai eu faim ; j’ai apaisé, comme Dieu, la mer en furie ; et j’ai été accablé, en ma qualité d’homme ; comme homme j’ai été tenté par le diable, mais comme Dieu, j’ai commandé aux démons et je les ai chassés ; je dois, dans ma nature humaine, souffrir pour les hommes ; mais afin que vous ne puissiez soupçonner que c’est là un effet de faiblesse, je rappelle à la vie, avant de subir moi-même la mort, celui que la mort tenait captif, et après vous avoir annoncé la vertu de ma divinité, j’abolis l’ancienne dette de l’humanité ; après avoir défait vos liens, je m’enchaîne moi-même, et je montre par des faits, que j’ai le pouvoir de quitter mon âme et de la reprendre. » Tel est l’enseignement que le Sauveur nous donne par ses œuvres ; car s’il n’en était pas ainsi, s’il n’eût pas réglé les choses à dessein dans ce miracle en faveur de Lazare, certes il n’eût pas différé si longtemps lorsqu’on vint lui apprendre en chemin la maladie de Lazare ; en effet, l’Évangéliste nous dit : Les sœurs de Lazare envoyèrent dire au Seigneur Voici que celui que vous aimez est malade (Jn 11,3) ; à cette nouvelle, il eût fait alors comme pour le centenier et la femme Syrophénicienne ; il guérit le fils de l’un et la fille de l’autre avant que ce père et cette mère fussent de retour chez eux ; il eût agi de la même manière avec Marthe lorsqu’elle lui annonça la maladie de son frère. Mais au contraire, il attend exprès que Lazare soit mort, il prolonge son séjour dans le lieu où l’on est venu le trouver, il diffère avec intention son arrivée, afin de montrer sa victoire sur la mort avant le combat livré par la mort ; il tarde même trois jours, pour qu’il soit bien établi que la mort est réelle. C’est en présence des Juifs qu’il ouvre le tombeau, afin de transformer ses persécuteurs en proclamateurs de son miracle ; c’est par la prière et en invoquant son Père qu’il ressuscite Lazare, afin de ne point avoir l’air de se mettre en opposition avec les lois du Créateur. Et voyez un peu l’étrange chose ; il ne dit pas : Lazare, reviens à la vie ; que lui dit-il ? Lazare, viens ici dehors. (Jn 11,43) C’est pour apprendre aux assistants qu’il est Celui qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient ; c’est afin de montrer aux spectateurs qu’il est le Dieu des vivants et non des morts ; il veut profiter de l’occasion pour prouver ce qu’il y a d’irrésistible dans un ordre de Dieu, et pour rappeler à ceux qui l’entourent Celui qui dit : Que le firmament soit. Que les eaux se réunissent en un seul tout. Que la terre pousse de l’herbe. Que les eaux produisent des reptiles animés. (Gen 1,6, 9 ; 11, 20) Lazare, viens ici dehors. Un tel miracle avait encore pour but d’augmenter et de fortifier la foi des personnes accourues de toute part : ce linceul et ces bandelettes témoignaient de notre mortalité ; et cette obéissance instantanée, cette crainte dont la nature ne peut se défendre, proclamaient l’autorité du Maître. Lazare, viens ici dehors. À ces mots, ce corps inanimé se redressa, cette chair corrompue reprit ses sens ; ce cadavre obéit, ce prisonnier enchaîné se mit à courir, et cet homme qu’on pleurait bondit plein de vie. Et pourquoi le Sauveur en cette circonstance eut-il recours à un cri ; car l’Évangéliste dit : Ayant ainsi parlé, il cria très-haut : Lazare, viens ici dehors. (Jn 11,43) Sans doute il voulut, même par sa voix, nous représenter la résurrection à venir ; car il est écrit : La trompette retentira, et les morts ressusciteront. (1Co 15,12) J’aurais encore plusieurs choses à dire, mais je me sens rappelé par le sujet qui aujourd’hui s’offre naturellement à nous, et je me vois contraint de passer d’une tombe à une autre. Aussi bien est-il très opportun de comparer le tombeau de Lazare à celui de nos saintes martyres, et il ne me semble pas sans à-propos que leur mort soit fêtée en quelque sorte auprès du sépulcre de Lazare. C’est un tombeau d’une part et un tombeau de l’autre, mais celui de Lazare en s’ouvrant fait éclater la puissance du Christ, et celui des saintes martyres en se fermant et remplissant son office proclame la grâce de notre Sauveur. Là, c’est un mort qui 's ; élance du tombeau par l’effet d’un pouvoir supérieur à la nature ; ici, ce sont des femmes qui, contrairement à la nature, se précipitent vers le tombeau. D’une part, vous voyez un signe de la puissance divine, de l’autre, vous avez une preuve d’une libre et généreuse volonté ; là, c’est Lazare échappant divinement aux portes de la mort, ici, des femmes qui les envisagent avec assurance ; après la mort de l’un vient sa résurrection, à la mort des autres succède la vie ; d’un côté, la mort se voit violemment arracher sa proie, de l’autre, la mort est publiquement foulée aux pieds ; mais la mort après avoir prêté Lazare à la vie ne tarda pas à le lui reprendre, ou plutôt, comme dit l’Apôtre : Il y eut des femmes à qui leurs morts furent rendus par résurrection (Heb 11,35), Dieu l’ayant ordonné ainsi ; tandis que celles-ci, cette mère avec ses filles, dont la commémoration nous rassemble en ce jour, se sont élancées d’une vie passagère à une vie sans fin, la mère, pieuse femme qui avait souffert les douleurs de l’enfantement, et ses filles, de jeunes vierges à qui ces mêmes douleurs étaient inconnues ; la mère qui avait sacrifié sa virginité pour donner le jour à des vierges, mère dont les douleurs avaient produit des modèles de chasteté, mère qui, suivant les lois de la nature, avait enfanté des vierges. Un tyran faisait alors partout la guerre aux personnes pieuses, détournant son glaive du carnage des étrangers, il le trempait dans le sang de ses compatriotes ; il persécutait ce Christ qu’il ne pouvait voir, s’imaginant qu’il dépouillerait le pasteur lui-même en s’attaquant à son bercail, il dirigeait ses traits contre le ciel même, et voyait d’un œil d’envie s’agrandir le royaume de Jésus-Christ : ce tyran, voilà quel était le persécuteur, et celles qui avaient à se défendre, c’étaient de timides jeunes filles. On enlevait aux citoyens leurs biens, et les citoyens abandonnaient leur patrie ; des soldats impies entraînaient ces jeunes filles, qui n’avaient de goût que pour la modestie et la vertu, ces brigands voulaient les forcer d’adorer la statue d’un nouveau Nabuchodonosor. (Dan. 3) Mais, comme à Babylone, cette nouvelle triade de martyrs trouva aussi sa fournaise : les liens de leur âme et de leur corps furent dissous, et permirent à leur âme de s’envoler en liberté dans le ciel. Ce même serpent, qui jadis poursuivant Eve dans le paradis avait surpris par la ruse son innocence et sa simplicité, s’aperçut bien cette fois que le fleuve était devenu un bain de purification dont les ondes étaient pénétrées de l’Esprit divin ; il ne poursuivit donc les bienheureuses femmes que jusque-là repoussé par ces eaux auxquelles un feu tout spirituel s’était mêlé, réfléchissant à sa perfidie, il pleura sur le châtiment de ses anciens stratagèmes ; ces femmes autrefois si faciles à tromper et à épouvanter, il les trouvait maintenant fières et audacieuses contre la mort ; ce talon qu’il guettait l’occasion de faire trébucher, il le voyait actuellement bondir de la terre au ciel. Mais nous nous sommes suffisamment arrêtés au panégyrique de ces femmes victorieuses, nous avons partout mêlé au sujet quelque enseignement utile, nous avons rehaussé l’éclat d’un antique tombeau par celui d’un autre plus récent, nous avons rapproché une résurrection miraculeuse d’une mort pleine de courage, nous avons mis sous les yeux de tous, de l’un et de l’autre sexe, des modèles de vertu et de piété, nous vous avons montré une mort illustre et une résurrection digne d’envie, il ne nous reste plus qu’à rendre grâces à Jésus-Christ, qui a l’autorité sur la vie et sur la mort, et à qui appartiennent la gloire et la puissance conjointement avec le Père et avec l’Esprit saint et vivifiant, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. NEUVIÈME HOMÉLIE. SUR LAZARE MORT DEPUIS QUATRE JOURS.
ANALYSE.
Jésus-Christ n’ignorait pas où était Lazare. – IL ne faut pas croire trop facilement. – Pourquoi Jésus-Christ prie avant de ressusciter Lazare. – Ce n’est pas par nécessité, mais à cause du peuple qui était présent, et pour répondre à la demande de Marthe. 1. Aujourd’hui la résurrection de Lazare nous donne l’occasion de résoudre diverses questions qui sont pour beaucoup un sujet de scandale. Cette leçon, je ne sais comment, fournit aux hérétiques et aux Juifs un prétexte de contradiction, non pas fondée, loin de là, mais apparente et provenant de leurs mauvaises dispositions. Plusieurs hérétiques disent que le Fils n’est pas semblable au Père. Pourquoi ? Parce qu’il dut prier pour ressusciter Lazare, et qu’il n’aurait pu le ressusciter sans prier, et, disent-ils, comment celui qui prie serait-il semblable à celui qui reçoit la prière ? Or, le Fils prie et le Père reçoit ses supplications. – Mais ils blasphèment, ils ne comprennent pas que Jésus prie pour condescendre et se proportionner à la faiblesse des assistants. Dites-moi quel est le plus grand de celui qui lave les pieds ou de celui à qui on les lave ? Évidemment c’est celui-ci. Or notre Sauveur a lavé les pieds de Judas qui était avec les apôtres. Judas est-il donc plus grand que notre Seigneur puisque Jésus-Christ lui a lavé les pieds ? Touchez-vous du doigt l’absurdité ? Lequel est le plus humble de laver les pieds ou de prier ? C’est certainement de laver les pieds. Pourquoi celui qui n’a pas dédaigné le plus humble office dédaignerait-il d’accomplir le plus noble ? Tout cela se faisait par condescendance pour la faiblesse des Juifs, comme nous le verrons dans la suite de ce discours. Les Juifs prétendent aussi y trouver une contradiction. Comment, disent-ils, les chrétiens peuvent-ils honorer, comme Dieu, celui qui ignorait où Lazare était enseveli ? Le Sauveur, en effet, dit à Marthe et à Marie, sœurs de Lazare : Où l’avez-vous placé ? (Jn 11, 34) Ignorance, faiblesse ; il ne sait où est Lazare et il serait Dieu ? – Mais je veux les faire rougir de leur objection. O Juifs, vous accusez Jésus-Christ d’ignorance, à cause de ces paroles : Où l’avez-vous placé ? Dieu le Père ignorait donc dans le paradis où s’était caché Adam ? Car il le cherchait dans le paradis et il l’appelait : Adam, où es-tu ? c’est-à-dire où es-tu caché ? Pourquoi Dieu n’indique-t-il pas tout d’abord le lieu où Adam, plein de confiance, s’entretenait autrefois avec lui ? Pourquoi cette question : Adam, où es-tu ? Adam répond : J’ai entendu votre voix quand vous vous promeniez dans le paradis, j’ai craint parce que je suis nu, et je me suis caché. (Gen 3, 9) S’il y a ignorance dans un cas, il y a également ignorance dans l’autre. Jésus-Christ dit à Marthe et Marie : Où l’avez-vous placé ? et vous l’accusez d’ignorance ! Que pensez-vous en entendant Dieu dire à Caïn : Où est ton frère Abel ? (Gen 4, 9) Si le Fils ignore, le Père ignore de même. Prenons une autre preuve tirée de la sainte Écriture. Dieu dit à Abraham : Le cri de Sodome et de Gomorrhe est monté jusqu’à moi. Je descendrai et je verrai si leurs œuvres répondent à ce cri qui est venu jusqu’à moi, je saurai s’il en est ainsi ou non. (Gen 18, 20) Dieu qui connaît toutes choses avant qu’elles soient (Dan 13, 42), qui sonde les cœurs et les reins (Psa 7, 10), qui connaît les pensées des hommes (Psa 94, 11), dit : Je descendrai et je verrai si leurs œuvres répondent à ce cri qui est venu jusqu’à moi ? Encore une fois, si vous accusez le Fils d’ignorance, soyez conséquents et accusez-en aussi le Père. Mais non, l’Ancien Testament ne prouve pas l’ignorance du Père, ni le Nouveau celle du Fils. Pourquoi dit-il : Je descendrai et je verrai si leurs œuvres répondent à ce qui est venu jusqu’à moi ? Le cri, dit-il, est monté jusqu’à moi ; mais je veux m’assurer par ma propre expérience. Ce n’est pas que j’ignore ; c’est pour enseigner aux hommes à ne pas croire facilement toutes les accusations, et à n’ajouter foi qu’après avoir examiné attentivement et par eux-mêmes. Voilà pourquoi il est dit ailleurs : Ne croyez pas à toute parole. (Sir 19, 16) Rien ne trouble la vie des hommes comme la trop grande crédulité. Le prophète David nous le déclare : Je persécutais celui qui médisait en secret de son prochain. (Psa 101, 5) 2. Ce n’est donc pas par ignorance que le Sauveur demande : Où l’avez-vous placé? et que le Père dit à Adam : Où es-tu ? et à Caïn : Où est ton frère Abel ? ou bien : Je descendrai et je verrai si leurs œuvres répondent au cri qui est venu jusqu’à moi. Il nous est facile maintenant de répondre à ceux qui prétendent que Jésus-Christ pria par faiblesse avant de ressusciter Lazare. Suivez avec la plus grande attention. Lazare est mort ; Jésus n’était pas là, il était en Galilée. Il dit à ses disciples : Notre ami Lazare dort. (Jn 2, 11) Ceux-ci, croyant qu’il parlait d’un sommeil ordinaire, répondirent : Seigneur, s’il dort, il sera guéri. Jésus leur dit ouvertement : Lazare est mort. Le Sauveur vient ensuite à Jérusalem, où était Lazare. La sœur de Lazare court à sa rencontre et lui dit : Si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort. – Si vous eussiez été ici. Vous êtes faible, ô femme ! Elle ne sait pas que Jésus-Christ absent de corps est présent par la puissance de la divinité ; elle mesure le pouvoir du divin Maître à la présence matérielle. Marthe lui dit : Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort ; et maintenant je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, il vous l’accordera. C’est donc pour répondre au désir de Marthe que le Sauveur prie. Dieu n’a pas besoin de prières pour ressusciter un mort. N’a-t-il pas opéré d’autres résurrections ? Quand il rencontra à la porte de la ville un mort qu’on portait en terre, il ne fit que toucher la bière et le mort se leva. (Luc, vu, 14) Eut-il besoin de prière pour le ressusciter ? Dans une autre circonstance, il ne dit qu’un mot à la jeune fille : Talitha, cumi (Mrc 5, 41), et il la rendit vivante à ses parents. A-t-il eu besoin de prier ? Pourquoi parler du Maître ? Les disciples d’un mot ressuscitent les morts. Une parole de Pierre n’a-t-elle pas rendu Tabithe à la vie ? Les vêtements de saint Paul n’ont-ils pas opéré de nombreux prodiges ? Voici quelque chose de plus admirable encore. L’ombre des apôtres ressuscite les morts. On apportait les malades dans des lits, afin que l’ombre de Pierre couvrît quelqu’un d’eux, et aussitôt ils étaient guéris. (Act 5, 15) Quoi donc ? l’ombre des disciples ressuscite les morts, et le Maître, pour ressusciter Lazare ; aurait besoin de prier ? Le Sauveur prie à cause de la faiblesse de Marthe. Elle lui dit : Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort ; maintenant je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, il vous le donnera. Vous voulez une prière, voici une prière. La miséricorde du Sauveur est une fontaine où l’on peut remplir tout vase, quel qu’il soit ; s’il est grand, il contient beaucoup, peu s’il est petit. Marthe demande une prière et le Sauveur lui donne une prière, Un autre dit : Je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison, mais dites seulement une parole : qu’il soit fait ainsi, et mon serviteur sera guéri. Le Sauveur lui répondit : Qu’il soit fait selon que vous avez cru. (Mat 8, 8 et 13) Un autre dit : Venez, guérissez ma fille, et il répond : Je vous suis. (Id 9, 8) Le médecin proportionne ses remèdes aux désirs des hommes. Une femme touche en secret la frange de son vêtement, et elle obtient en secret sa guérison. (Id 20) Chacun obtient selon sa foi. Marthe dit : Je sais que tout ce que vous demanderez au Père, le Père vous le donnera. Elle a voulu une prière ; le Sauveur la lui accorde, non par nécessité, mais par condescendance pour sa faiblesse, pour montrer qu’il n’est point opposé à Dieu, mais que tout ce qu’il fait, son Père le fait aussi. Dieu a formé l’homme dès le commencement ; c’est l’œuvre du Fils aussi bien que du Père : Faisons l’homme, dit-il, à notre image et à notre ressemblance. (Gen 1, 26) Jésus-Christ veut introduire le bon larron dans le paradis ; il prononce une parole et le larron entre au paradis, et il n’a pas besoin de prière, quoique l’entrée en fût interdite à tous les enfants d’Adam. Car Dieu y avait placé une épée flamboyante pour la garder. (Gen 3, 24) Jésus-Christ de son autorité ouvre le paradis et y introduit le larron. O Seigneur, vous faites entrer un larron dans le paradis ! Votre Père pour un seul péché en chasse Adam, et vous y introduisez le larron chargé de mille crimes, de mille forfaits ! et pour cela une parole vous suffit ? Oui, car l’un ne s’est pas, fait sans moi, ni l’autre sans mon Père. Car je suis dans le Père, et le Père est en moi. (Jn 14, 10) 3. La résurrection de Lazare ne fut pas l’œuvre de la prière ; pour vous en convaincre, écoutez cette prière : Je vous rends grâces de ce que vous m’avez exaucé. (Jn 11, 41) Quoi donc ? Est-ce là une prière, une supplication ? Je vous rends grâces de ce que vous m’avez exaucé. Pour moi, je sais bien que vous m’exaucez toujours. Si vous savez, Seigneur, que vous êtes toujours exaucé par le Père, pourquoi l’importuner au sujet de choses que vous connaissez ? Je sais bien, dit-il, que mon Père m’exauce toujours, mais je dis cela pour le peuple qui m’environne, afin que tous sachent que vous m’avez envoyé. Prie-t-il pour le mort ? fait-il des supplications pour ressusciter Lazare ? Dit-il : Mon Père, commandez au mort d’obéir ; mon Père, ordonnez au tombeau de rendre le mort, de ne pas se fermer plus longtemps sur lui ? Mais je dis cela pour le peuple qui m’environne, afin que tous sachent que vous m’avez envoyé. Ce qui se passe est moins un miracle qu’une instruction pour les spectateurs. La prière n’est donc pas pour le mort, mais pour les Juifs incrédules, afin qu’ils sachent que vous m’avez envoyé. Comment reconnaître cette mission ? suivez, je vous en prie, avec la plus grande attention. De ma propre autorité, semble-t-il dire, j’appelle le mort ; de ma propre puissance je commande à la mort ; au Père, je dis : Mon Père ; j’évoque Lazare du tombeau. Si le Père n’est pas mon père, que ce prodige n’ait pas lieu ; s’il l’est, au contraire, que le mort obéisse pour l’instruction de ceux qui m’entourent Pourquoi Jésus-Christ dit-il : Lazare, venez dehors ? Il a prié, et le mort n’est pas ressuscité ; il dit : Lazare, venez dehors ! et le mort se lève.O tyrannie de la mort ! O tyrannie sous laquelle gémissait cette âme ! O enfer ! il prie, et tu ne rends pas le mort ! Non, répond-il. – Pourquoi ? – Je n’avais pas reçu d’ordre. Je suis établi gardien, et je ne laisse sortir que sur un ordre formel. La prière ne s’adressait pas à moi ; c’était pour les Juifs incrédules. Et à moins d’un ordre précis, je ne délivre personne. Pour délivrer l’âme j’attends la parole : Lazare, venez dehors ! Le mort entend l’ordre du Maître, et aussitôt se brisent les chaînes du trépas. Que les hérétiques soient confondus et qu’ils disparaissent de la surface de la terre. Car vous le voyez par le texte même ; le Christ prie non pour ressusciter Lazare, mais pour condescendre à la faiblesse des assistants incrédules. Lazare, venez dehors ! Pourquoi appelle-t-il le mort par son nom ? Pourquoi ? Parce qu’en s’adressant aux morts en général, il aurait ressuscité tous ceux qui étaient dans les tombeaux. Voilà pourquoi il dit : Lazare, venez dehors ! Je vous appelle seul devant le peuple, pour montrer par cet acte particulier les prodiges de l’avenir : j’ai ressuscité un mort, je ressusciterai la terre entière : Car je suis la résurrection et la vie. Lazare, venez dehors ! Et le mort sortit enveloppé de bandelettes. O merveille étonnante ! Celui qui a arraché l’âme des liens de la mort, qui a brisé les portes de l’enfer, qui a broyé les portes d’airain et les verrous de fer, qui a délivré l’âme des chaînes de la mort, celui-là n’a pu déchirer les bandelettes du mort ! Si, il le pouvait. Mais il ordonne aux Juifs d’ôter ces liens qu’ils avaient attachés eux-mêmes en ensevelissant le mort. De la sorte, ils devaient reconnaître leurs propres liens, et se convaincre par leur expérience que c’était ce Lazare enseveli par eux, que Jésus-Christ était le Messie envoyé dans le monde par la bonté du Père, et qu’il avait pouvoir sur la vie et sur la mort. A lui, avec le Père et le Saint-Esprit, soient la gloire et l’empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi, Soit-il.
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