Psalms 46
EXPLICATION DU PSAUME XLV.
1. POUR LA FIN, POUR LES FILS DE CORÉ, POUR LES SECRETS. – SELON UN AUTRE : À L’AUTEUR DE LA VICTOIRE D’ENTRE LES FILS DE CORÉ. – SELON UN AUTRE : CHANT POUR LES JEUNESSES. – 2. DIEU EST NOTRE REFUGE ET NOTRE FORCE, IL EST NOTRE AUXILIAIRE PUISSANT DANS LES AFFLICTIONS QUI NOUS ONT VISITÉS. – SELON UN AUTRE : AUXILIAIRE TROUVÉ DANS NOS AFFLICTIONS. – 3. C’EST POURQUOI NOUS NE SERONS POINT SAISIS DE CRAINTE, QUAND LA TERRE SERAIT BOULEVERSÉE ET QUE LES MONTAGNES SERAIENT TRANSPORTÉES AU CŒUR DES TIERS.ANALYSE.
- 1-2. Qu’il ne faut pas se fier aux ressources humaines qui ne sont rien, mais a Dieu qui fait tout ce qu’il lui plaît avec la plus grande facilité. – La bonté de Dieu est comme un grand fleuve qui verse ses eaux sur le monde.
- 3. De la paix apportée sur la terre par le Christ. – La colère de Dieu désignée par le feu.
▼Les Septante, Théodotion et Symmaque traduisent par diapslama (qua vote designari volunt canendi vices aut flexus, dit Bossuet, dissert de Ps), et Aquila par Άεί, le mot hébreu Sela que l’on trouve souvent au milieu et quelquefois à la fin des psaumes.
. » Un autre interprète met : « Toujours. – Le cours impétueux (5) » ; suivant un autre : « les divisions du fleuve » ; suivant l’hébreu : « phalagau, a réjouissent la cité de Dieu ; le Très-Haut a sanctifié son tabernacle. » Suivant un autre : « sanctuaire de l’habitation du Très-Haut. – Dieu est au milieu d’elle ; elle ne sera point ébranlée ; Dieu la protégera dès l’aube du jour » ; suivant un autre : « dès l’aurore ; » suivant un autre : d au premier signe du matin. » Après avoir parlé de la puissance de Dieu, dé sa force irrésistible, de la facilité avec laquelle il fait toutes choses, l’auteur passe à la protection dont sa providence couvre les Juifs, et en peu de mots il nous met sous les yeux les biens qu’il leur a départis. Comme s’il disait : or ce Dieu si puissant, si fort, si redoutable, qui porte et conduit tout, qui secoue, remue tout, a comblé notre cité de mille bienfaits. Car le mot « fleuve » est mis ici pour exprimer l’abondance des largesses d’en haut et leur inépuisable épanchement. Tous les biens, semble-t-il dire, coulent sur nous comme de sources intarissables. De même qu’un fleuve divisé en mille canaux arrose les contrées subjacentes, ainsi la bonté de Dieu s’épanche de toutes parts sur nous, à flots abondants et tumultueux, remplissant tout de ses ondes bienfaisantes. Avec une entière sûreté, un secours incessant, elle nous procure encore une grande joie spirituelle ; ce que le Psalmiste veut dire par les mots : « Le Très-Haut a sanctifié son tabernacle. » Et ce n’est pas là le moindre des bienfaits pour une ville, qu’elle soit appelée le tabernacle de Dieu. 2. Et l’expression de « Très-Haut » n’est pas mise là au hasard, elle fait entendre que celui qui est élevé, celui qu’aucun lien ne peut contenir, que la substance illimitée ▼▼Je lis ἄφραχτος, au lieu d’ἄφραστος.
a daigné appeler la ville des Juifs son sanctuaire et qu’il l’embrasse de toutes parts. C’est ce que veulent dire ces mots : « Au milieu d’elle », ainsi que ceux-ci qu’on lit ailleurs : « Voici que je suis avec vous. » (Mat 28,20) Il l’enveloppe de toutes parts ; c’est pourquoi, non seulement elle ne souffrira aucun dommage, mais elle ne sera pas même ébranlée, la raison en est qu’elle peut compter sur le secours le plus prompt, son protecteur étant toujours disposé et prêt à agir. Car voilà le sens de ces mots, « Dès l’aube du jour ; » ils marquent qu’il s’agît d’un protecteur qui n’est jamais en retard, qui ne vient point avec lenteur, dont la force est toujours jeune, vigoureuse, et qui ne manque jamais quand l’heure est venue. – « Les nations ont été troublées (7) ; » un autre « les nations se sont rassemblées. Les royaumes ont penché. Le Très-Haut a fait entendre sa voix ; la terre a été ébranlée. » Ici le Psalmiste montre l’énergie des secours. Il ne s’agit pas d’assaillants tels quels ; mais des rois, des nations se liguent de toutes parts pour bloquer, pour assiéger une seule ville, et celle-ci non seulement ne souffre aucun dommage, mais elle surmonte, elle dompte et renverse les assaillants. C’est ce que veut dire ce passage : « Les royaumes ont penché, le Très-Haut a fait entendre sa voix. » Comme si on disait : le seul son de sa voix prend les villes ; expression grossière et plus digne de l’homme à qui elle s’adresse que de Dieu, à qui, elle s’applique. Dieu n’a pas besoin de voix ni de cri pour vaincre mais seulement de sa volonté. Cependant cette dernière manière de parler de Dieu succède à de plus grossières encore, et c’est pour élever les esprits à de plus hautes conceptions que le Psalmiste l’emploie. Ayant partout représenté Dieu comme un guerrier couvert de ses armes, il veut montrer que ce ne sont là que des métaphores, des figures, des façons de parler appropriées à la faiblesse humaine. (Dieu n’a pas besoin d’armes), et c’est pour cela qu’il ajoute : « qu’il a fait entendre sa voix et que la terre a été ébranlée ;» ce qui signifie qu’il ébranle les villes, les nations et les contrées et jusqu’aux éléments. Par la terre l’Écriture a aussi coutume de désigner les multitudes qui l’habitent, comme lorsqu’elle dit : « Et toute la terre était une seule langue (Gen 2,1) – Le Seigneur des puissances est avec nous ; le Dieu de Jacob est notre défenseur. » Au lien de : « Des puissances », l’hébreu dit Sabaoth (8). Voyez comment le Psalmiste passe de la terre au ciel et comment il élève subitement sa parole jusqu’aux peuples innombrables des anges, aux nations des archanges, aux puissances d’en haut. Que me parlez-vous encore et d’armées, et de barbares, et d’hommes mortels ? semble dire le Psalmiste. Pour vous faire une idée de la force de Dieu, songez à la royauté qu’il exerce, et aux armées innombrables des puissances invisibles qui sont rangées sous son commandement dans les cieux. Et ce terme de « puissances », est très-bien choisi pour exprimer la force de ces habitants du ciel. Le Psalmiste l’emploie encore dans un autre endroit, disant : « Les puissants par la force, ceux qui exécutent sa volonté. » (Psa 103,20) Les anges en effet sont très-forts, puisqu’un seul d’entre eux étant sorti des rangs de l’armée du ciel tua cent quatre-vingt-cinq mille hommes. – Que nous fait, direz-vous, la force de Dieu, s’il ne veut pas nous tendre la main ? C’est pour que vous n’ayez pas cette crainte que le Psalmiste ajoute : « Notre défenseur. » Donc il a non seulement le pouvoir mais encore la volonté de nous secourir. – Mais peut-être n’en sommes-nous pas dignes ? – Ne craignez rien, sa bienveillance est un héritage que nous ont laissé nos pères ; c’est ce que le Psalmiste insinue par les mots : « le Dieu de Jacob ; » comme s’il disait : c’est son habitude constante, dès la plus haute antiquité, dès l’origine. – « Changement de rythme » un autre : « Toujours. – Venez et voyez les œuvres de Dieu, qu’il a fait paraître comme des prodiges sur la terre, en abolissant les guerres jusqu’aux extrémités de la terre (10). Il rompra l’arc, il brisera l’arme (un autre dit : il a brisé), et il brûlera les boucliers dans le feu. » Un autre dit : « il consumera les chars dans le feu. » Le Psalmiste a parlé de la terre, de la mer, des montagnes, de la joie céleste descendue dans les âmes, du secours d’en haut, et maintenant il s’adresse aux spectateurs eux-mêmes, il les prend comme sujet de son discours, et pour les remplir de joie en même temps que pour exciter leur amour envers le Seigneur, il mentionne les trophées, il célèbre les victoires qu’il a remportées pour eux. Et il a eu raison de dire « prodiges », au lieu de trophées et de victoires. Car les faits qu’il rappelle ne s’étaient pas accomplis selon les lois de la nature ; le sort du combat n’avait été décidé ni par les armes, ni par la forée du corps, mais paria seule volonté de Dieu, que la voix des événements eux-mêmes désignait clairement comme le général de son peuple. Puisque les faibles triomphaient des forts, une poignée d’hommes, d’une multitude, ceux qui étaient assujettis de ceux qui les tenaient sous le joug, le Psalmiste a bien raison de nommer de tels événements, des prodiges, puisqu’ils s’étaient accomplis d’une manière surprenante, et qu’ils s’étaient étendus jusqu’aux extrémités de la terre. 3. On ne se tromperait pas non plus si l’on voulait prendre ces choses dans le sens anagogique, et les appliquer au temps présent. Et en effet, Dieu a mis fin â une grande guerre, celle des démons, et il a étendu partout sur la terre le règne de la paix, il n’y a pas jusqu’à la guerre sensible et proprement dite qu’il n’ait apaisée. C’est ce qu’Isaïe annonçait en disant : « Ils convertiront leurs épées en charrues, et leurs lances en faux ; et une nation ne tirera pas l’épée contre une nation, et ils ne s’exerceront plus à la guerre. » (Isaie, 2,4) Avant la venue du Christ en effet, tous les hommes portaient les armes, il n’y en avait point qui fussent exempts de cette charge,.et les villes combattaient contre les villes, ce n’étaient partout que guerres et conflits sanglants. Aujourd’hui la plus grande partie de la terre est en paix, la grande majorité du genre humain vit dans la sécurité, s’occupant des arts, cultivant la terre, et parcourant la mer. La milice n’occupe plus qu’un petit nombre d’hommes chargés de porter les armes pour les autres. Ce petit nombre serait même inutile, si notre conduite était ce qu’elle devrait être, si nous n’avions pas besoin des avertissements, des calamités. Par « le feu », le Psalmiste entend ici la colère de Dieu ; et il parle d’un fait qui s’est passé réellement, savoir que les Israélites, ayant vaincu leurs ennemis, brûlèrent leurs armes et leurs chars ; Ézéchiel en parle aussi (Eze 39,10), et tous les hommes instruits savent cette histoire. – « Reposez-vous et connaissez que je suis Dieu. Je serai élevé au milieu des nations, je serai élevé au milieu de toute la terre (44). » Un autre dit « Soyez guéris et connaissez ; » un autre : « Cessez, afin que vous connaissiez ; » l’hébreu dit : « Ouarphou ouadou. » Ici l’auteur me semble s’adresser aux gentils et leur dire ceci : connaissez la force de Dieu, et sa puissance qui s’étend sur toute la terre mais pour cela vous avez besoin de repos, vous avez besoin d’une âme saine. La leçon « Cessez, etc. » donne le même sens : abandonnez l’erreur, défaites-vous de vos mauvaises habitudes ; levez un peu la tête au-dessus de l’obscurité dans laquelle vous tient courbés la pratique de tous les vices, respirez un instant, afin que, guidés par le lumineux enseignement des prodiges, et jouissant du calme de l’âme, vous appreniez à connaître le Dieu dé l’univers. Les miracles ne suffisent point quand l’âme n’est pas bien disposée. Les Juifs ont vu des miracles, et ils n’en ont retiré aucun profit pour leur salut. De même que les rayons du soleil ont besoin pour opérer la vision, de tomber dans des yeux limpides et sains, ainsi les miracles ne peuvent rien sans la disposition de l’âme. Voilà pourquoi, après avoir parlé des miracles, le Psalmiste exhorte ceux qui veulent en recueillir quelque avantage, à se débarrasser des maux qui les enveloppent pour arriver à la connaissance de Dieu, souverain maître de toutes choses. « Reposez-vous et connaissez que c’est moi qui suis Dieu », et non pas vos simulacres et vos statues. « Reposez-vous » donc et je vous présenterai de nombreuses preuves. Voilà en effet ce que signifie ce passage : « Je serai élevé parmi les nations, je serai élevé au milieu de la terre ; » c’est-à-dire, par mes œuvres, vous seront manifestées mon élévation et ma grandeur. Car l’élévation est le propre de cette nature sans mélange et ineffable. Mais puisqu’elle vous est cachée, je vous la montrerai par mes œuvres, non seulement à Jérusalem et dans la Palestine, mais jusque parmi vous, les gentils. Il s’élève donc en les domptant, en les subjuguant par les miracles qu’il opère partout, miracles à Babylone, miracles en Égypte, miracles dans le désert, afin de les amener à la connaissance de lui-même. – « Le Seigneur des puissances est avec nous, le Dieu de Jacob est notre défenseur (12). » Ainsi donc ce Dieu, qui est partout grand, partout élevé, un tel Dieu est avec nous. Ne craignez donc pas, ne vous troublez pas, ayant avec vous un si invincible Maître, à qui convient tout honneur et toute gloire, avec le Père qui est sans commencement, et avec son Esprit vivificateur, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Traduit par M. Jeannin
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