1 Corinthians 3:22-23
ANALYSE.
- 1. L’Apôtre reprend t’attaque Contre la sagesse profane.
- 2. Paul, après avoir foulé aux pieds la sagesse humaine, s’adresse aux Corinthiens qui divisaient l’Église en se disant disciples et sectateurs de tel et tel maître et docteur.
- 3 et 4. Que (homme doit tout à Dieu ; et qu’il lui doit rendre tout. – Qu’il faut être prêt à quitter la vie de bon cœur quand il y a quelque engagement de le faire. – Avis aux dignitaires ecclésiastiques, qu’ils ne sont que des dispensateurs. – Sentiments que doivent avoir les pères et, mères à qui Dieu reprend les enfants qu’il leur avait donnés. – Du bon usage des biens. – Que la société civile est prospère, ainsi que le corps humain, lorsque chaque membre donne de ce qu’il a aux autres.
▼Les paroles de cette citation n’ont pas été dites pu l’apôtre Pierre au centurion Corneille, mais par saint Paul aux habitants de Lystre. Il y a donc ici un lapsus memoriae ou bien une lacune dans le texte.
: « Et nous aussi nous sommes des hommes sujets aux mêmes passions » (Act 14,15) ; et au Christ : « Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre ». (Mat 19,27) Et Paul, après avoir dit : « J’ai travaillé plus qu’eux tous », ajoute : « Non pas moi cependant, mais la grâce de Dieu avec moi ». (1Co 15,10) Et ailleurs, s’adressant aux mêmes Corinthiens, il leur disait : « Qu’avez-vous que vous n’ayez reçu ? » Vous n’avez rien à vous, ni l’argent, ni l’éloquence, ni la vie même : car elle est à Dieu. 3. Au besoin, sachez la perdre. Mais si vous aimez la vie et refusez de la dépouiller quand on vous la demande, vous n’êtes plus un dispensateur fidèle. Comment serait-il permis de résister à l’appel, de Dieu ? Et c’est en cela que je reconnais et admire la bonté de Dieu ; en ce que pouvant prendre malgré vous ce que vous possédez, il ne veut cependant que des dons volontaires, afin que vous méritiez une récompense. Il pourrait, par exemple, vous enlever la vie malgré vous ; il demande que vous la lui donniez, pour que vous puissiez dire avec Paul : « Je meurs tous les jours ». (1Co 15,31) Il pourrait, malgré vous, vous dépouiller de la gloire et vous humilier ; il vous en demande le sacrifice volontaire, pour que vous obteniez la récompense. Il pourrait vous appauvrir malgré vous ; il désire vous voir pauvre volontaire, afin de vous tresser une couronne. Comprenez-vous la bonté de Dieu ? Voyez-vous notre lâcheté ? Êtes-vous parvenu à une plus grande dignité, honoré d’une haute charge dans l’Église ? Né vous enorgueillissez pas ; ce n’est point vous qui avez acquis cette gloire, c’est Dieu qui vous en a revêtu. Usez-en comme d’une chose étrangère ; n’en abusez pas, ne l’employez pas à des objets peu convenables, ne vous en enflez pas, ne vous l’appropriez pas ; regardez-vous toujours comme un homme pauvre et obscur. Si l’on vous avait confié la garde de la pourpre royale, vous ne devriez pas la revêtir et la souiller, mais la conserver soigneusement pour celui qui vous l’aurait remise. Vous avez reçu le don de la parole ? Ne vous en glorifiez pas, ne vous en vantez pas ; car cette faveur n’est point à vous. Ne vous montrez point ingrat en tout ce qui appartient au maître ; mais faites en part à vos frères, n’en soyez pas fier comme d’un bien propre, et ne le ménagez pas dans la distribution. Si vous avez des enfants, ils sont à Dieu ; dans cette conviction, vous le remercierez tant que vous les posséderez ; quand ils vous seront enlevés, vous ne vous affligerez pas. Tel était job quand il disait :. « Dieu me les avait donnés, Dieu me les a enlevés ». (Job 1,21) Car nous tenons du Christ tout ce que nous avons ; l’existence même, la vie, la respiration, la lumière, l’air, la terre ; et s’il nous soustrait une seule de ces choses, c’en est fait de nous, nous périssons ; car nous sommes des étrangers et des voyageurs. Le « tien » et le « mien » sont de simples expressions qui n’ont pas d’objet. Si vous dites que cette maison est à vous, vous prononcez un mot vide de sens. En effet, l’air, la terre, la matière, appartiennent au Créateur, aussi bien que vous qui l’avez construite, et que tout ce qui existe. Que si vous en avez l’usufruit, il est bien précaire, non seulement, à cause de la mort, mais à raison de l’instabilité des choses. Gravons ces vérités en nous, et devenons sages ; par là nous ferons double profit : nous serons reconnaissants dans la jouissance et dans la privation, et nous ne serons pas esclaves de biens passagers qui ne sont point à nous. En vous enlevant la richesse, l’honneur, la gloire, votre corps, votre vie même, Dieu a repris son bien ; en vous enlevant votre fils, ce n’est point votre fils, mais son serviteur qu’il reprend. Ce n’était point vous qui l’aviez formé, mais lui ; vous n’aviez été qu’un moyen, qu’un instrument ; Dieu a tout fait. Soyons donc reconnaissants d’avoir été jugés dignes d’être ministres de l’œuvre. Quoi ! vous auriez voulu le conserver toujours ? Mais c’est le fait d’un homme ingrat et qui ne comprend pas que le bien qu’il possède est à un autre et non à lui. Ceux qui sont toujours prêts à la séparation, sentent qu’ils ne sont point propriétaires ; mais ceux qui s’affligent, usurpent tes droits du roi. Si nous ne nous appartenons pas même, comment les autres nous appartiendraient-ils ? Nous sommes doublement à Dieu : et par la création et par la foi. C’est ce qui fait dire à David : « Ma substance est en vous » (Psa 38) ; et à Paul : « C’est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons ; et que nous sommes » (Act 18,28) ; et encore, à propos de la foi : « Vous n’êtes plus à vous-mêmes ; et vous avez été achetés à un grand prix ». (1Co 6,19, 20) Car tout est à Dieu. Quand donc il nous appelle, quand il veut reprendre, ne raisonnons pas à la façon des serviteurs ingrats, n’usurpons pas les droits du maître. Votre vie n’est pas à vous : comment vos biens y seraient-ils ? Pourquoi donc abusez-vous de ce qui ne vous appartient pas ? Ne savez-vous pas que cet abus vous sera un jour reproché ? Donc, puisqu’ils ne sont pas à nous, mais au maître, nous devions en faire des largesses à nos frères. C’est pour ne l’avoir pas fait que le mauvais riche fut accusé ; il en sera ainsi de ceux qui n’auront pas nourri te Seigneur. Ne dites donc pas : Je ne dépense que le mien, je jouis de mes biens propres ; non, ils ne sont pas à vous, mais aux autres ; et je dis aux autres, parce que vous le voulez : parce que Dieu veut que ce qu’il vous a donné pour vos frères soit à vous. Or, le bien d’autrui devient le vôtre, si vous l’employez au service du prochain ; mais si vous le dépensez pour vous avec profusion, de propre qu’il vous était, il vous devient étranger. Oui ; si vous en usez avec inhumanité ; si vous dites : Il est juste que je me serve de ce que j’ai ; je dis que votre bien vous devient étranger. Car il est commun entre vous et votre frère, comme le soleil, l’air, la terre et tout le reste. Et comme dans le corps humain, le service est commun au corps entier et à chaque membre, et quand il se concentre sur un seul membre, il n’y atteint pas même son effet : ainsi en est-il de l’argent. 4. Rendons cela plus sensible par un exemple. Si la nourriture corporelle destinée à tous les membres se dirige vers un seul, elle lui devient étrangère, puisqu’elle ne peut être digérée, ni le nourrir ; si, au contraire, elle se répartit entre tous les membres, elle lui devient propre comme à tous les autres. De même, si vous jouissez seul de vos richesses, vous les perdrez : car vous n’en recevrez pas la récompense ; mais si vous les partagez avec les autres, alors elles seront vraiment à vous, et vous en retirerez du profit ! Ne voyez-vous pas que les mains présentent la nourriture, que la bouche la triture, que l’estomac la reçoit ? L’estomac dit-il : Comme je l’ai reçue, je dois la retenir toute ? Ne le dites donc pas non plus de vos richesses ; c’est à celui qui les a reçues de les partager. De même que c’est un vice dans l’estomac de retenir toute la nourriture et de ne pas la distribuer, car par là il détruit le corps entier ; ainsi c’est un vice chez les riches de retenir ce qu’ils possèdent : car par là ils font leur malheur et celui des autres. L’œil aussi reçoit toute la lumière ; mais il ne la retient pas pour lui seul, et éclaire le corps entier. Tant qu’il est œil, il n’est pas dans sa nature de la retenir. Les narines respirent aussi les bonnes odeurs ; mais elles ne les conservent pas ; elles les transmettent au cerveau, les communiquent à l’estomac et réjouissent par elles l’homme tout entier. Les pieds seuls marchent ; mais ils ne se transportent pas seuls ; car ils mettent en mouvement le corps entier. De même ne gardez point pour vous seul ce qui vous a été confié ; autrement vous nuiriez, à tous, à vous surtout. Cette observation ne s’applique pas seulement aux membres. Un ouvrier en fer, par exemple, en refusant de travailler pour les autres, se ruine lui-même et rend les autres arts impossibles. Semblablement, si un cordonnier, un laboureur, un boulanger, tout homme exerçant un métier nécessaire, refuse d’en faire jouir les autres, il les perd et se perd lui-même. Et que parlé-je des riches ? Les pauvres eux-mêmes, s’ils imitaient la méchanceté des riches et des avares, vous uniraient considérablement, vous appauvriraient, vous détruiraient même bientôt, s’ils refusaient de se prêter quand vous avez besoin d’eux : comme si, par exemple, un laboureur refusait le travail de ses mains, un pilote la faculté de commercer, sur mer, un soldat son habileté dans les combats. N’y eût-il pas d’autre raison, rougissez et imitez leur bienveillance. Vous ne faites part de vos richesses à personne ? Alors ne recevez rien de personne, et tout sera renversé de fond en comble. Car donner et recevoir est partout la source de beaucoup d’avantages, en agriculture, dans l’instruction, dans les arts. Quiconque garde son art pour lui seul, se perd et met le monde sens dessus dessous. En enfouissant la semence chez toi, le laboureur causera une affreuse disette ; ainsi le riche en enfouissant son argent, se nuit plus qu’aux pauvres, puisqu’il appelle sur sa tête la flamme terrible de l’enfer. De même que les martres communiquent leurs connaissances à tous leurs élèves, quel qu’en soit le nombre ; ainsi faites-vous beaucoup d’obligés par vos bienfaits. Que tous disent : Il a délivré celui-ci de ta pauvreté, celui-là du péril ; un tel eût péri, si, avec la grâce de Dieu, vous ne l’aviez sauvé par votre patronage ; vous avez arraché celui-ci à la maladie, cet autre à la calomnie ; l’un était étranger, vous l’avez accueilli ; l’autre était nu, vous l’avez revêtu. De telles paroles valent mieux qu’une immense richesse et que de nombreux trésors ; elles attirent plutôt l’attention du public que des vêtements d’or, des chevaux et des esclaves. Par ceci on paraît ennuyeux, à charge, on est haï, comme l’ennemi de tous ; par cela, on est proclamé le père et le bienfaiteur universel, et, ce qui est bien au-dessus de tout le reste, on est accompagné dans toutes ses actions par la bienveillance de Dieu. Que l’un dise donc : Il a marié et doté ma fille ; l’autre : Il a fait prendre placé à mon fils parmi les hommes ; celui-ci : Il m’a tiré du malheur ; celui-là : Il m’a sauvé du péril. Ces paroles sont préférables à des couronnes d’or ; ce sont des milliers de hérauts qui proclament dans la ville les fruits de votre charité ; voix bien plus agréables, bien plus douces que celles des hérauts qui précèdent les magistrats, elles vous appellent sauveur, bienfaiteur, protecteur (les noms de Dieu même), et non avare, orgueilleux, insatiable, mesquin. Je vous en prie, n’ambitionnez pas de telles dénominations, mais celles qui leur sont contraires. Et si ces éloges, proférés sur la terre, rendent déjà si illustre et si glorieux, pensez de quel éclat, de quelle gloire vous jouirez quand ils auront été écrits dans le ciel, et que Dieu les proclamera au jour à venir. Puissions-nous obtenir tous ce bonheur, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent, au Père, en union avec le Saint-Esprit, la gloire, la force, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Copyright information for
FreChry