1 Corinthians 4:13
HOMÉLIE XIII.
NOUS SOMMES, NOUS, INSENSÉS À CAUSE DU CHRIST (IL EST NÉCESSAIRE DE REPRENDRE ICI NOTRE DISCOURS), MAIS VOUS, VOUS ÊTES SAGES DANS LE CHRIST ; NOUS SOMMES FAIBLES, ET VOUS ÊTES FORTS ; VOUS ÉTÉS HONORÉS, MAIS NOUS SOMMES MÉPRISÉS. (CHAP. 4,10, JUSQU’AU VERS. 16)ANALYSE.
- 1. Saint Paul fait voir aux Corinthiens combien leur présomption est déplacée.
- 2. Saint Paul achève de toucher les Corinthiens en leur montrant une charité d’apôtre, et une tendresse de père.
- 3-5. Que nous pouvons imiter le Christ. – Apolaudissement de l’auditoire. – Portrait de saint Paul et de sa vertu.— Qu’il n’est pas besoin qu’il y ait des persécutions pour être vraiment chrétien. – De la guerre continuelle que nous avons à soutenir contre le démon. – Les richesses ne sont pas un mal lorsqu’on en fait un bon usage.
▼Allusion à l’état de saint Paul avant sa conversion.
; car il n’y a rien de pire que le blasphème. Mais quand vint Celui qui change tout, il vit que ce n’était, point là l’effet de la lâcheté ni de la mollesse, mais de l’ignorance et du défaut des couleurs de la piété, qu’il y avait du zèle mais pas de couleurs (car Paul n’avait pas le zèle selon la science) : alors il lui donne la couleur de la vérité, c’est-à-dire la grâce, et en fait immédiatement, un tableau royal. Ayant en effet reçu la couleur et appris ce qu’il ignorait, il n’a pas besoin du temps ; sur-le-champ il devient un artiste parfait. D’abord il montre une tête royale, en prêchant le Christ ; ensuite le corps entier, par une règle de vie sévère. Les peintres s’enferment, et travaillent en repos et avec une grande assiduité, sans ouvrir à personne ; ainsi Paul plaçant son tableau au milieu du monde, ne s’inquiète pas des contradicteurs, ni du tumulte, ni du trouble qui règne autour de lui, et travaille sans obstacle au royal portrait. Aussi disait-il : Nous sommes donnés en spectacle au monde, au moment où il peignait, son tableau au milieu de la terre et de la mer, en présence du ciel et du globe entier, du monde sensible et spirituel. Voulez-vous voir le reste, à partir de la tête ? ou voulez-vous remonter de bas en haut?. Voyez cette statue d’or, bien plus précieuse que l’or, telle qu’elle existe sans doute dans le ciel, non-enchaînée par le poids d’un plomb vil, non fixée en un seul lieu ; mais courant de Jérusalem jusqu’en Illyrie, puis partant pour l’Espagne, et portée comme sur des ailes à travers le monde entier. Quoi de plus beau que ces pieds qui ont parcouru toutes les contrées, éclairées par le soleil ? Le prophète avait prédit cette beauté, quand il disait : « Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix ! » (Isa 52,7) Voyez-vous comme ces pieds sont beaux ? Voulez-vous aussi voir sa poitrine ? Venez, je vous la montrerai, et vous vous convaincrez qu’elle est beaucoup plus belle que ces pieds déjà si beaux, et plus belle encore que celle de l’ancien Législateur. Moïse, Il est vrai, porta les tables de pierre ; mais celui-ci possédait le Christ en lui-même, et portait l’image du roi et du propitiatoire ; il était donc plus honorable que les chérubins. La voix qui sortait du propitiatoire n’était point comparable à celle-ci ; elle ne parlait guère que des choses sensibles ; celle de Paul exprime des chose plus élevées que les cieux ; l’une ne s’adressait qu’aux Juifs, l’autre s’adresse au monde entier ; la première sortait d’objets inanimés, la seconde d’une âme douée de vertu. 4. Le propitiatoire était plus splendide que le ciel ; ce n’étaient point des astres divers ni des rayons du soleil qui faisaient son éclat, mais il possédait le soleil lui-même qui de là envoyait ses rayons. Quelquefois des nues en passant attristent notre ciel ; cette poitrine n’a point subi de tels orages ; ou plutôt elle en a souvent subi, mais son éclat n’en, a point été obscurci ;.au milieu des épreuves et des périls elle gardait sa splendeur. Aussi, chargé de fers, s’écriait-il : « La parole de Dieu n’est pas enchaînée ». (2Ti 2,9) Ainsi, par sa langue, il envoyait toujours des rayons ; jamais la crainte, jamais le danger n’ont assombri sa poitrine. Peut-être cette poitrine semble-t-elle laisser les pieds loin derrière elle ; mais ces pieds sont beaux en tant que pieds, et, comme poitrine, cette poitrine est belle. Voulez-vous voir la beauté de son estomac ? Écoutez ce qu’il dit de lui-même : « Si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de chair ». (I. Cor 5,13) Il est bon de ne pas manger de chair, de ne pas boire de vin ou quoi que ce soit qui puisse offenser scandaliser ou affaiblir votre frère. « Les aliments sont pour l’estomac, et l’estomac pour les aliments ». (Id 6,13) Quoi de plus beau que cet estomac ainsi exercé au calme, à toute espèce de tempérance, à souffrir l’abstinence, la faim et la soif ? Comme un cheval bien dressé et portant une bride d’or, ainsi cet estomac allait en mesure après avoir dompté les besoins de la nature : car le Christ marchait en lui. Il est évident que par cette tempérance tous les autres vices étaient détruits. Maintenant voulez-vous voir ses mains, tes mains d’aujourd’hui ? Ou voulez-vous d’abord voir celles d’autrefois ? Naguère entrant dans les maisons, il traînait hommes et femmes, non avec des mains d’homme, mais avec celles de quelque bête fauve. Mais dès qu’il eut reçu les couleurs de la vérité et la science spirituelle, ses mains ne furent plus celles d’un homme, elles furent toutes spirituelles, enchaînées tous les jours ; frappées elles-mêmes mille fois, elles ne frappèrent plus personne. Une vipère les respecta un jour, car ce n’étaient plus des mains d’homme, aussi, n’osa-t-elle les toucher. Voulez-vous aussi connaître ce dos, si semblable aux autres membres ? Écoutez ce qu’il en dit : « Cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups de fouet, moins un ; j’ai été trois fois battu de verges, j’ai été lapidé une fois, trois fois j’ai fait naufrage ; j’ai été un jour et une nuit dans les profondeurs de la mer ». (2Co 11,24-25) Mais pour ne pas nous jeter dans un abîme saris fond et être ballottés en tout sens, en prenant chacun de ses membres en particulier, quittons son, corps et contemplons une autre beauté, à savoir, celle de ses vêtements que les démons mêmes respectaient au point de s’enfuir, et qui guérissaient les maladies. Partout où Paul apparaissait, tout cédait, tout disparaissait, comme en présence du conquérant de la terre. Et comme ceux qui ont reçu beaucoup de blessures dans le combat, frémissent au seul aspect des armes de leur vainqueur ; ainsi les démons prenaient la fuite, à la seule vue de sa ceinture. Et maintenant où sent les riches, ceux qui s’enorgueillissent de leur fortune ? Où sont ceux qui étalent leurs dignités et leurs somptueux vêtements ? En les comparant à ceux-là, ils verront que tout ce qu’ils possèdent est de l’argile et de la boue. Et que parlé-je de vêtements et de richesses ? On me donnerait l’empire du monde entier, que je croirais l’ongle de Paul plus fort que ma puissance ; sa pauvreté au-dessus de tout plaisir, ses humiliations au-dessus de toute gloire, sa nudité au-dessus, de toute richesse, les soufflets imprimés à sa tête sacrée au-dessus de toute licence, les pierres qu’il a reçues au-dessus de tout diadème. Ambitionnons cette couronne, ô mes bien-aimés, et bien qu’il n’y ait pas de persécution, cependant préparons-nous. Car ce ne sont pas seulement les persécutions qui ont rendu cet homme glorieux ; il disait lui-même : « Je châtie mon corps » (1Co 9,27) ; ce qui peut se faire sans persécution. Et il nous exhortait à n’avoir aucun souci de la chair, quant à ses convoitises ; il disait encore : « Ayant la nourriture et le vêtement, contentons-nous-en ». (1Ti 6,8) Or, pour cela, il n’y a pas besoin de persécutions. Il engageait aussi les riches à la modération, en disant : « Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation ». (Id. 9) Si nous voulons ainsi nous exercer et entrer en lutte, nous serons couronnés, et bien qu’il n’y ait pas de persécutions, nous recevrons une riche récompense ; mais si nous engraissons notre corps et menons une vie de pourceau, même au sein de la paix nous commettrons bien des fautes, et nous nous attirerons du déshonneur. Ne voyez-vous pas contre qui nous avons à combattre ? Contre des puissances incorporelles. Comment donc, nous qui sommes chair, en triompherons-nous ? S’il faut manger sobrement quand on combat contre des hommes, à plus forte raison pour lutter contre les démons. Mais si nous sommes enchaînés par l’embonpoint et la richesse, comment vaincrons-nous nos ennemis ? Car c’est un lien que la richesse : un lien bien lourd pour ceux qui ne savent pas en user ; un tyran cruel et inhumain qui n’a d’autre but que de perdre ses esclaves. Mais, si nous le voulons, nous détrônerons ce barbare tyran ; nous en ferons notre serviteur ; au lieu de notre maître. Et comment cela ? En distribuant nos richesses à tout le monde. Tant que l’opulence nous trouve seuls à seuls, comme un brigand dans un lieu isolé, elle nous fait tous tes maux possibles ; mais quand nous l’aurons produite en public, elle ne nous dominera plus, parce qu’elle sera enchaînée de tous côtés. 5. Je ne prétends point dire par là que la richesse soit un péché ; mais le péché est de ne la pas distribuer aux pauvres et d’en faire mauvais usage. Dieu n’a rien créé de mauvais ; tout ce qu’il a fait est bon ; les richesses sont donc aussi un bien, à condition qu’elles ne domineront point ceux qui les possèdent, et qu’elles feront disparaître la pauvreté du prochain. La lumière qui ne dissipe pas les ténèbres, mais les augmente, n’est pas bonne ; je n’appellerai pas non plus bonnes les richesses qui augmentent la pauvreté au lieu de la détruire. Le riche ne cherche pas – à recevoir, mais à donner ; s’il demande, il n’est plus riche, mais pauvre. Les richesses ne sont donc point un mal ; mais le mal c’est cette étroitesse d’esprit qui transforme la richesse en pauvreté. Ces sortes de riches sont plus malheureux que ceux qui mendient dans les rues, que les aveugles et les estropiés ; ces hommes somptueusement vêtus de soie sont au-dessous du pauvre couvert de mauvais baillons ; ces mortels qui s’avancent fièrement sur la plage publique sont plus à plaindre que les mendiants qui hantent les carrefours, entrent dans les cours, et crient, et demandent l’aumône d’en bas. Car ceux-ci louent Dieu et profèrent des paroles propres à exciter la pitié et pleines de sagesse ; aussi-en avons-nous compassion et leur tendons-nous la main sans jamais les accuser. Mais les mauvais riches tiennent le langage de la cruauté, de l’inhumanité, de la rapine et d’une convoitise satanique ; aussi sont-ils odieux et ridicules aux yeux de tout le monde. Dites-moi un peu : lequel paraît honteux chez tous les hommes de demander aux riches, ou d8 demander aux pauvres ? Aux pauvres, évidemment. Eh bien ! c’est ce que font les riches ; car ils n’oseraient s’adresser à de plus riches qu’eux. Or ceux qui mendient, demandent aux riches : le mendiant demande au riche et non au mendiant ; mais le riche violente le pauvre. Autre question : lequel est le plus honnête, de recevoir de personnes gui donnent volontiers et de bonne grâce, ou d’arracher par force et avec importunité ? Évidemment il est plus convenable de ne point forcer les répugnances. Et pourtant les riches les forcent. Car tandis que les pauvres reçoivent de gens qui leur donnent de bon cœur et librement, tout ce que les riches reçoivent leur est donné à contre-cœur et par contrainte : ce qui est l’indice d’une plus grande pauvreté. Si personne ne voulait s’asseoir à une table, où il ne serait pas vu de bon œil par celui qui l’aurait invité, comment serait-il convenable d’extorquer de l’argent par force ? N’écartons-nous pas, ne fuyons-nous pas les chiens qui aboient, parce qu’ils nous fatiguent par leur importunité ? Ainsi font les riches. Mais, dira-t-on, il vaut mieux que la crainte accompagne le don. Et moi je dis qu’il n’y a rien dé plus honteux : c’est le comble du ridicule de tout mettre en mouvement pour obtenir quelque chose. Souvent, par peur, nous avons jeté au chien ce que nous tenions à la main. Lequel, dites-moi, est le plus honteux de mendier en haillons ou en habits de soie ? Quel pardon mérite le riche qui flatte de vieux pauvres pour en obtenir ce qu’ils possèdent, bien qu’ils aient des enfants ? Si vous voulez encore ; examinons les paroles que prononcent les riches et les pauvres quand ils mendient. Que dit le pauvre ? Que celui qui donne l’aumône ne doit pas donner avec parcimonie, parce que ce qu’il donne vient de Dieu, et que Dieu est bon et lui en rendra davantage : langage plein de sagesse et qui renferme une exhortation et un conseil. Il vous prie, en effet, de lever les yeux vers le Seigneur, et il vous ôte la crainte de la pauvreté pour l’avenir : on peut voir un grand enseignement dans les paroles des mendiants. Que disent les riches, au contraire ? Ils parlent comme des pourceaux, des chiens, des loups et des autres bêtes sauvages. Les uns parlent de tables, de mets, d’assaisonnements, devins de toute espèce, de parfums, de vêtements, de tout ce qui concerne les folies du luxe ; les autres parlent d’usures et de prêts ; et, fabricant des billets où les dettes sont portées à un chiffre monstrueux, et qui sont supposés dater des pères et des grands-pères, ils prennent à l’un sa maison, à l’autre son champ, à cet autre son esclave et tout ce qu’il possède. Et que dire de ces testaments écrits avec du sang plutôt qu’avec de l’encre ? Au moyen de terreurs paniques ou de quelques légères promesses, ils déterminent de petits propriétaires à les choisir pour héritiers, au détriment de proches souvent accablés par la pauvreté. Cette fureur, cette cruauté, ne dépassent-elles pas celles des bêtes féroces ? Je vous en prie donc, fuyons de telles richesses, source de honte et de meurtre ; acquérons les richesses spirituelles, cherchons les trésors qui sont dans le ciel. Ceux qui les possèdent sont certainement riches ; ils vivent dans l’abondance, ils jouissent des biens de la terre et de ceux du ciel. En effet, celui qui veut être pauvre selon Dieu, voit toutes les portes s’ouvrir devant lui. Chacun donne à celui qui, par amour pour Dieu, ne possède rien ; mais celui qui veut acquérir même peu de chose au prix de l’injustice, se ferme toutes les portes. Afin donc d’obtenir les richesses de ce monde et celles de l’autre, choisissons la richesse solide et immortelle. Puissions-nous y parvenir tous par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent, au Père en union avec le Saint-Esprit, la gloire, la force, l’honneur, maintenant et toujours ; et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. HOMÉLIE XIV.
C’EST POURQUOI JE VOUS AI ENVOYÉ TIMOTHÉE, QUI EST MON FILS BIEN-AIMÉ ET FIDÈLE DANS LE SEIGNEUR ; IL VOUS RAPPELLERA MES VOIES EN JÉSUS-CHRIST. (CHAP. 4,17, JUSQU’À LA FIN DU CHAP)
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