1 Timothy 2:9-10
HOMÉLIE VIII.
JE VEUX DONC QUE LES HOMMES PRIENT EN TOUT LIEU, EN ÉLEVANT DES MAINS INNOCENTES, SANS COLÈRE NI DISCUSSION ; ET DE MÊME AUSSI LES FEMMES, VÊTUES AVEC CONVENANCE, SE PARANT AVEC PUDEUR ET RETENUE, SANS FRISURES, SANS OR, SANS PERLES NI HABITS LUXUEUX, MAIS COMME IL SIED A DES FEMMES QUI ANNONCENT LA PIÉTÉ PAR LEURS BONNES ŒUVRES. (II, 8-10)Analyse.
- 1. On peut prier partout sous la loi de grâce, contrairement à ce qui avait lieu sous la loi de Moise. – Contre le luxe des femmes.
- 2 et 3. Contre les vierges dont la mise est trop étudiée.
▼Cet usage existe encore chez les femmes turques.
, la démarche molle, la voix énervée ▼▼Comme les « incroyables » du Directoire, qui avaient horreur des consonnes.
, un œil langoureux et impudique, les voiles, les tuniques d’une forme si étudiée, et les ceintures d’un travail encore plus exquis, les chaussures faites avec tant d’art. Il a entendu bannir tout cela, quand il a dit : « Vêtues avec convenance », et : « Avec pudeur » ; car ce sont là des parures qui conviennent à l’impudeur et à l’effronterie. Supportez ce discours, je vous prie, car le prédicateur énonce des reproches sans déguisement, non pour blesser et faire souffrir, mais pour éloigner du troupeau tout ce qui lui est contraire. Et si l’apôtre défend tout cela aux femmes mariées et riches qui vivent dans l’opulence, combien plus à celles qui ont adopté la virginité. Mais, dira-t-on, quelle vierge porte des bijoux et des frisures ? Elles apportent tant de recherches dans leurs simples vêtements que la parure n’est rien auprès. On peut, avec des vêtements peu coûteux, avoir plus de recherche qu’une femme couverte de bijoux. Une robe d’un beau bleu, serrée avec soin par la ceinture, comme celles des danseuses du théâtre, en sorte qu’elle ne soit ni gonflée à droite ni retirée à gauche, mais que les deux côtés de la taille soient parfaitement symétriques, avec des plis nombreux sur la poitrine, ne charmera-t-elle pas plus que des vêtements de soie ? La chaussure d’un noir bien brillant, terminée en pointe, sera d’une perfection artistique et aura peine à contenir le pied ? Le visage ne sera pas fardé, mais lavé bien à loisir et l’on couvrira le front d’un voile plus blanc que le visage lui-même, puis par dessus on jettera un voile flottant dont la couleur noire ressortira sur le blanc. Et que dirait l’apôtre de ces yeux roulant sans cesse, de ce nœud de la ceinture qui tantôt se cache et tantôt se découvre, de manière à faire ressortir l’art avec lequel la ceinture est enlacée, tandis que le voile est relevé autour de la tête ? Les mains, comme celles des acteurs tragiques, sont gantées avec tant de soins, que le gant ne semble faire qu’un à la main. Que dirait-il encore de cette démarche et de ces manières plus capables que tous les bijoux de séduire ceux qui les voient ? Craignons, mes biens-aimés, d’entendre aussi, nous, ce que le Prophète disait aux femmes des Hébreux préoccupées de leur parure extérieure. « Au lieu d’une ceinture vous vous ceindrez d’une corde, et votre tête, aujourd’hui parée, sera chauve ». (Isa 3,24) Ainsi, cette toilette est plus dangereuse que les bijoux ; bien d’autres s’y sont étudiées pour être vues et captiver ceux qui les regardaient. Ce n’est point là une faute légère, mais une arme capable d’irriter Dieu et de corrompre les vierges. 3. Vous avez le Christ pour époux, pourquoi voulez-vous gagner des amants parmi les hommes ? Le Christ vous condamnera comme adultères. Pourquoi n’adoptez-vous pas la parure qui lui convient, celle qu’il aime : la pudeur, la retenue, la décence, un vêtement modeste ? le vôtre est celui d’une femme déshonorée. On ne reconnaît plus les femmes impudiques et les vierges ; voyez à quelle inconvenance celles-ci sont arrivées. Une vierge doit être dépourvue de recherche, simple et sans art, et celle-ci invente mille artifices pour parer son extérieur. Laisse là cette folie, femme, donne tes soins à la parure intérieure de ton âme, car cette parure extérieure est opposée à la parure intérieure. Celui qui se préoccupe du dehors dédaigne ce qui est intérieur, comme celui qui dédaigne le dehors met tous ses soins à parer son âme. Ne me dites pas : Ah ! je ne porte qu’un vêtement usé, une chaussure de vil prix, un voile sans valeur ; quelle est donc cette parure ? Ne vous trompez point vous-même. On peut, je vous l’ai dit, se parer ainsi plus qu’avec une toilette somptueuse ; on le peut fort bien avec une étoffe usée, mais aux formes élégantes et taillées pour séduire, auxquelles s’adapte une chaussure noire et brillante. – Mais je ne le fais point dans une pensée impudique. Vous pouvez me le dire, mais que direz-vous à Dieu qui pénètre au fond de votre pensée même ? Vous ne le faites pas dans une pensée impudique ? Mais pourquoi ? Le faites-vous pour être admirée ? Et vous n’avez pas honte, vous ne rougissez pas de vouloir être admirée pour un tel motif. Mais non, direz-vous encore, je le fais tout simplement et non dans ce but. Dieu connaît la vérité de ce que vous nous dites. Ce n’est pas à moi que vous avez à rendre compte, c’est à Dieu présent partout, Dieu qui a scruté votre action, Dieu devant qui tout est à découvert et au grand jour. C’est pour cela que nous vous parlons ainsi, afin de vous dérober à ce compte redoutable. Craignez le reproche adressé par le Prophète aux femmes d’Israël : « Les filles de Sion ont étudié leur démarche et mesuré leurs pas ». (Isa 3,16) Vous avez un grand combat pour lequel il faut des exercices d’athlète et non le soin de sa parure, la force du pugiliste et non une vie efféminée. Ne voyez-vous pas les pugilistes, les athlètes ? s’occupent-ils de leur démarche et de leur toilette ? Nullement ; mais négligeant tout cela, couverts d’un vêtement imbibé d’huile, ils ne songent qu’à une chose : frapper et ne pas être atteints. Le démon est là, grinçant des dents, cherchant de tous côtés à vous perdre, et vous demeurez embarrassée dans cette parure satanique. Je ne veux rien dire de cette voix étudiée qu’affectent un si grand nombre, ni de leurs parfums et de leurs molles recherches. C’est pour cela que les mondaines vous raillent. La dignité de la virginité est perdue ; personne ne considère une vierge avec l’honneur qui lui est dû, car elles-mêmes se sont exposées au mépris. Ne fallait-il pas qu’elles fussent admirées dans l’Église de Dieu comme des êtres descendus du ciel ? Et maintenant elles sont méprisées par leur faute et non par celle des vierges sages. Car vous, qui deviez être crucifiée, lorsqu’une femme qui a un mari et des enfants, qui est à la tête d’une maison, vous verra plus avide de parure qu’elle-même, comment échapperez-vous à ses railleries et à son dédain ? Quel soin, quel empressement ! Avec vos vêtements peu coûteux vous l’emportez sur l’opulence, vous êtes mieux parée qu’une femme couverte de bijoux. Vous ne cherchez pas ce qui vous convient, vous poursuivez avec ardeur ce qui vous messied, quand vous devriez produire des bonnes œuvres. C’est pour cela que les vierges sont moins honorées que les femmes mondaines, car elles ne produisent pas d’œuvres dignes de leur virginité. Nous ne parlons point ainsi à toutes, ou plutôt nous parlons à toutes : à celles qui méritent des reproches, afin qu’elles deviennent sages, et aux autres pour qu’elles leur inspirent la sagesse. Mais prenez garde qu’après le blâme ne vienne le châtiment, car nous n’avons point parlé dans le but de vous faire de la peine, mais pour vous redresser et pouvoir nous glorifier en vous. Puissiez-vous tous faire ce qui plaît à Dieu et vivre pour sa gloire ; de telle sorte que vous obteniez les biens promis par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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