‏ Genesis 30:4-6

4. Comprenez-vous qu’elle ne donne pas des noms à ses enfants sans motif ni à l’aventure ? Elle appelle celui-ci Siméon, parce que le Seigneur l’a entendue, car ce nom signifie en hébreu : a été entendu : Elle conçut encore et enfanta un fils, et elle dit : Maintenant mon mari sera de mon côté, car je lui ai donné trois fils, et elle appela celui-ci Lévi. Elle semble vouloir dire que la naissance des deux premiers n’avait pas suffi pour attirer son mari vers elle, mais que l’inclination de celui-ci était encore pour Rachel ; c’est pourquoi elle dit Maintenant more mari sera de mon côté. Sans doute la naissance de ce troisième fils me vaudra son affection, car je lui ai enfanté trois fils. Elle conçut encore et enfanta un fils, et elle dit : Maintenant encore je glorifierai le Seigneur ; c’est pourquoi elle, lui donna le nom de Juda. (35) Que veulent dire ces mots : Je glorifierai le Seigneur ? Ils signifient ici : Je lui rendrai grâces, je publierai ses louanges, parce qu’il m’a donné un quatrième fils, et m’a accordé un si grand bienfait. La beauté qui me manquait pour gagner l’amour de mon mari, la naissance des enfants dont m’a gratifiée la bonté de Dieu y a suppléé. Il a dissipé l’excès de mon abattement, en consolant celle qui était un objet d’aversion à cause de sa laideur, et a reporté sur ma sueur l’aversion de Jacob : Ayant enfanté Juda, dit le texte, elle cessa d’enfanter. Mais Rachel voyant qu’elle-même ne donnait point d’enfant à Jacob porta envie à sa sœur et dit à Jacob ; Donne-moi des enfants, sinon je mourrai. (30, 1)

C’est bien là une demande irréfléchie et digne d’une femme, digne d’une âme que la jalousie assiège : Donne-moi des enfants. Ne sais-tu pas que ce n’est pas lui, mais le Seigneur Dieu qui en a fait naître à Lia ? Voyant qu’elle n’était point aimée, il a ouvert son sein. Pourquoi donc demander à ton mari ce qui est au-dessus des forces de la nature ? Pourquoi, oubliant le Maître de la nature, accuser ton mari qui n’y peut rien ? Donne-moi des enfants, sinon je mourrai. Mal affreux de la jalousie, qui dégénère en démence, comme il arrive à Rachel ! Voyant la troupe d’enfants qui était née de sa sueur et réfléchissant à sas solitude, elle ne supporte point cette affliction et ne peut réprimer la préoccupation qui la trouble, mais prononce ces paroles pleines de folie : Donne-moi des enfants, sinon je mourrai. Elle devait savoir l’amour de son mari pour elle, et penser que ce n’était point par sa volonté que Lia avait été si féconde et elle-même stérile, quand elle dit : Donne-moi des enfants. Puis, pour effrayer elle ajoute : Sinon je mourrai. Et que fit le pieux Jacob ? Il s’irrita de ces paroles, dit l’Écriture, et lui répondit : Suis-je donc l’égal de Dieu, qui a refusé un fruit cites entrailles ? (30, 2) Quoi, dit-il, tu oublies le Maître de la nature et tu t’en prends à moi ! C’est lui qui a refusé un fruit à tes entrailles. Pourquoi ne pas lui adresser tes demandes, à lui qui peut te rendre féconde ? Apprends-le donc c’est lui qui t’a rendue stérile et qui a donné à ta sœur cette riche fécondité. Ne me demande donc pas ce que je ne puis accomplir, et dont je rie suis point le maître. Si cela dépendait de moi, je t’aurais toujours préférée à ta sœur, puisque je te portais dès l’abord un plus grand amour. Mais puisque, quelque tendresse que j’aie pour toi, je ne puis te satisfaire, invoque celui qui est l’auteur de ta stérilité et qui peut y mettre fin.

Voyez les saines pensées de ce juste et comment, même dans la colère que lui causent les paroles de Rachel, il lui fait une réponse pleine de sagesse, l’instruisant de l’exacte vérité et lui révélant clairement la cause de sa tristesse, afin qu’elle n’oublie plus le souverain Maître pour demander à un autre ce que seul il peut donner. Apprenant donc que c’est Dieu qui lui refuse des enfants et voyant que sa sœur est fière des siens, elle se procure quelque consolation et dit à Jacob : puisque tu m’as appris que ce n’est point par ta faute que je demeure stérile, prends ma servante pour femme afin que je trouve une faible consolation en tenant pour miens les enfants que tu auras d’elle. Et elle lui donna pour femme Balla, sa servante ; Balla conçut de lui et enfanta un fils à Jacob ; et Rachel dit : Dieu a prononcé son jugement, il a entendu ma voix et m’a donné un fils. C’est pourquoi elle lui donna le nom de Dan. (Gen 30,4-6) Elle a donc trouvé une légère consolation dans l’enfantement de sa servante : et à cause de cela elle donne ce nom à l’enfant et rend grâces au souverain Maître pour sa naissance. Balla eut encore un enfant de et Rachel dit : Dieu m’a secourue, et je suis devenue l’égale de ma sœur ; je ne suis plus abattue ; et elle appela l’enfant Nephthali. (7-8) Elle vit bien par là que Jacob n’était point l’auteur de sa stérilité. Elle élève ses enfants comme les siens et leur donne leurs noms ; son imagination lui fait trouver là une consolation bien grande. Or Lia, voyant qu’elle-même avait cessé d’enfanter, donna aussi pour femme à Jacob Zelpha, sa servante ; celle-ci conçut et enfanta un fils, et Lia dit : Oh ! bonheur (9-11), c’est-à-dire j’ai réussi dans mon dessein. Et elle l’appela Gad.(11) Elle le nomme ainsi parce qu’elle a obtenu l’objet de ses vœux. Zelpha conçut encore, et enfanta un autre fils ; et Lia dit : Je suis heureuse, parce que les femmes m’estimeront heureuse ; et elle appela l’enfant Aser. (12-13)
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