‏ 1 Esd 4

Preuve admirable de la force du roi, de la femme et de la vérité. Cependant la vérité l’emporte sur toutes ces choses. Darius, à la prière de Zorobabel, rend les vases sacrés. Il ordonne qu’on mette les Juifs en liberté, et qu’on leur fournisse les choses nécessaires pour la construction du temple.

1Le second garde parla ensuite et releva la force du roi. 2Ô vous qui m’écoutez ! Y a-t-il quelque chose de plus fort que les hommes, eux qui se soumettent la terre, la mer, et tout ce qui est renfermé dans leurs vastes espaces. 3Le roi, cependant, est encore au-dessus d’eux ; ils révèrent sa puissance et sont toujours prêts à exécuter ses ordres. 4S’il les envoie contre les ennemis redoutables, ils marchent, ils franchissent les montagnes, renversent les murs, et les tours. 5Ils perdent la vie, mais c’est après l’avoir ôtée aux autres, et, toujours soumis aux ordres du roi, si la victoire couronne leur valeur, ils lui apportent toutes les dépouilles de ses ennemis. 6Tous ceux aussi qui, loin des travaux de la guerre, cultivent en paix de riches campagnes, ne les voit-on pas après la moisson en apporter au roi les tributs et les prémices ? 7Si lui seul dit : Tuez, ils tuent : Pardonnez, ils pardonnent. 8Frappez, ils frappent : Détruisez, ils détruisent : Bâtissez, ils bâtissent. 9S’il dit : Coupez, ils coupent : Plantez, ils plantent. 10Le peuple et les grands sont également soumis aux volontés d’un seul homme. Le roi s’assied, ensuite il boit et se livre au sommeil
Litt. : et c’est sur cela ; c’est-à-dire que c’est sur le travail, les soins et la fidélité de ses sujets que le roi se repose et établit sa tranquillité.
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11Ils veillent tous à la garde de sa personne ; sans qu’il leur soit permis de s’écarter un moment pour vaquer à leurs propres affaires et ils se tiennent toujours en état d’exécuter ses ordres
Litt. : et sont prêts à lui obéir à la moindre parole.
12Ô hommes  ! comment donc y aura-il quelque chose au-dessus du roi, puisqu’il est ainsi honoré ? Et il cessa de parler. 13Le troisième, nommé Zorobabel
Il est difficile de comprendre comment ce qui est dit ici peut convenir à Zorobabel, puisqu’il paraît par 1 Esdras, , 2, dont on a même copié les paroles aux chapitres précédents, qu’il y avait plus de douze ans qu’il était revenu à Jérusalem, et qu’il était actuellement en Judée.
, commença à relever la force des femmes et de la vérité.
14Ô hommes, qui m’écoutez ! Ni le roi, revêtu de toute sa grandeur, ni le vin, ni les hommes unis ensemble, ne sont pas ce qu’il y a de plus fort sur la terre : Qui peut donc être au-dessus de toutes ces choses ? 15Ne sont-ce pas les femmes, puisque c’est d’elles seules que les rois et les peuples, qui dominent sur la terre et sur la mer, tirent leur origine ? 16Elles leur ont donné la naissance et elles ont élevé ceux qui, les premiers, ont planté la vigne. 17Elles tirent de leurs mains les habits dont les hommes se couvrent ; elles font toute leur gloire, et ils ne peuvent se passer de femmes. 18Qu’ils aient en abondance de l’or ou de l’argent ; qu’ils possèdent les choses les plus précieuses, si une femme belle et parée vient s’offrir à leurs yeux, 19ils quittent tout pour l’avoir, ils la contemplent avec étonnement et se sentent plus de passion pour elle qu’ils n’en avaient auparavant pour leurs richesses. 20L’homme abandonne son père qui l’a nourri ; il se bannit même de son propre pays, pour s’attacher, sans réserve, à la femme dont il a fait choix. 21Il ne trouve de plaisir qu’à l’aimer, et il oublie, pour elle, son père, sa mère, et le lieu de sa naissance. 22Les femmes n’exercent-elles donc pas l’empire sur vous, et n’est-ce pas pour elles que vous vous exposez à tant de peines et de travaux ? 23L’homme prend son épée, il va sur les chemins pour commettre des vols et des meurtres ; il parcourt les rivières et les mers. 24Il voit un lion, et se cache dans les antres les plus creux
Il ne craint ni la rencontre des lions, ni les ténèbres de la nuit.
: et quand il s’est enrichi de vols et de rapines, il vient tout mettre aux pieds de celle qu’il aime.
25Encore un coup
Et c’est ce qui prouve ce que j’ai déjà avancé ; l’homme, etc.
, l’homme chérit sa femme plus que son père et sa mère.
26Plusieurs d’entre eux les ont aimées jusqu’à en perdre la raison, et à se réduire en servitude. 27D’autres ont sacrifié leur vie, et ont péché pour leur plaire. 28Refuseriez-vous donc encore de me croire ? J’avoue, avec vous, que la puissance du roi est bien grande, puisque tous les peuples craignent si fort de l’offenser. 29Cependant je voyais le très-grand roi avec sa concubine Apémène, fille de Bezads
On croit que tous ces noms sont supposés : d’autres lisent Bartacis ou Becacis. Le texte ajoute : Très excellent.
; elle était assise à sa droite.
30Et lui ayant ôté le diadème de dessus la tête, elle le mettait sur la sienne ; et de sa main gauche elle le frappait à la joue. 31Le roi néanmoins la regardait avec admiration ; quand elle lui souriait, il faisait éclater sa joie ; et quand elle se fâchait, il redoublait ses caresses, jusqu’à ce qu’elle lui eût rendu ses bonnes grâces. 32Ô hommes ! que pouvez-vous donc concevoir au-dessus des femmes, puisqu’elles exercent sur vous un tel empire
Litt. : Ô hommes ! pourquoi n’avoueriez-vous pas qu’il n’y a rien de plus fort que les femmes, puisqu’il paraît que celles qui font ce que je viens de dire sont au-dessus du ciel et de la terre. Ces dernières paroles ne sont point dans le grec ; le copiste même semble les avoir transposées du v. 34 suivant. Ainsi on a suivi le grec, qui est beaucoup plus clair, et où elles ne se trouvent pas.
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33Alors le roi et les grands de sa cour se regardèrent l’un l’autre, et Zorobabel, poursuivant son discours, commença à parler de la vérité. 34Ô hommes qui m’écoutez ! serait-il donc possible qu’il y eût quelque chose de plus fort que les femmes ? La terre est grande, le ciel est élevé, le soleil parcourt chaque jour ces espaces immenses, et revient avec rapidité au lieu d’où il était parti. 35Toutes ces merveilles n’annoncent-elles pas la grandeur de celui qui les a faites ? mais la vérité n’est-elle pas grande et plus forte que toute autre chose ? 36Toute la terre en porte les plus vifs traits
Litt. : Toute la terre a recours à la vérité. Autr. : Prêche et annonce la vérité.
: Le ciel en fait l’éloge, toutes les créatures la respectent et la craignent, et elle n’a rien de mauvais.
37Tout est mauvais dans le monde, le vin, le roi, les femmes, tous les enfants des hommes et toutes leurs œuvres ; il n’y a point en eux de vérité, et ils périront dans leur iniquité. 38La vérité n’est point sujette au changement ; son règne s’affermit dans l’éternité ; elle subsiste et subsistera dans tout le cours des siècles. 39Elle n’a égard, ni aux personnes, ni à ce qui les distingue les unes d’avec les autres ; elle traite les impies et les méchants dans toute la rigueur de sa justice, et tout le monde approuve ce qu’elle fait. 40Il n’y a rien d’injuste dans ses jugements, et elle est la force, le règne, la puissance et la majesté de tous les siècles. Gloire soit à jamais au Dieu de la vérité. 41Zorobabel avant cessé de parler, tout le peuple cria à haute voix : La vérité est grande, et rien n’égale sa force. 42Alors le roi dit à Zorobabel : demandez-moi si vous voulez au delà même de ce que l’on est convenu
Voy. ce qui est rapporté au ch. .
, et je vous le donnerai : puisque vous avez parlé avec plus de sagesse que les autres, vous serez assis auprès de moi, et je vous appellerai mon cousin.
43Zorobabel répondit au roi : Souvenez-vous du vœu que vous fîtes au jour que vous montâtes sur le trône des Perses
Esdras ne dit rien de ce prétendu vœu. Néhémie n’en parle pas non plus.
, quand vous promîtes de relever les ruines de Jérusalem,
44et d’y faire reporter les vases qui en avaient été enlevés, et que Cyrus avait déjà mis à part dans ce dessein, lorsqu’il se fut rendu maître de Babylone. 45Vous fîtes vœu de rebâtir le temple que les Iduméens avaient réduit en cendre
Ce ne furent point les Iduméens qui brûlèrent le temple, mais ils excitèrent les Chaldéens à le faire, et peut-être faisaient-ils partie de l’armée des Babyloniens. — [L’auteur de cette note dit affirmativement que les Iduméens excitèrent les Chaldéens à brûler le temple : nous ne le contestons pas ; mais il se fonde sur le Psaume , 7 et 8, qu’il indique, supposant que ce magnifique chant national a été composé dans la grande captivité de Babylone, ce qui peut être contesté.]
, pendant que les Chaldéens ravageaient la Judée.
46Et maintenant, Seigneur, ce que je vous demande et ce que je regarde comme la plus grande récompense que je puisse obtenir est que vous rendiez au Roi du ciel le vœu que vous lui fîtes alors de votre propre bouche. 47Darius s’étant levé aussitôt embrassa Zorobabel, et écrivit des lettres à tous les gouverneurs de l’empire, aux préfets et aux satrapes, leur ordonnant de le faire escorter, lui et tous les Juifs
Litt. : Tous ceux qui étaient avec lui.
qui retournaient à Jérusalem pour la rebâtir
L’auteur oublie sans doute ce qu’il rapporte lui-même aux chap. et qui suivent et qu’il a extraits d’Esdras, et , et il attribue à Darius et à Zorobabel la commission qui fut donnée dans d’autres circonstances à Esdras, I, , , et, treize ans après, à Néhémie par Artaxerxès. Voy. Néhémie, , 1 et suiv.
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48Il envoya en même temps des ordres à tous les gouverneurs de Syrie, de Phénicie, et du Liban, de fournir aux Juifs les cèdres nécessaires pour cet ouvrage
Litt. : De faire couper des cèdres du Liban, et de les faire porter à Jérusalem pour rebâtir cette ville.
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49Outre cela il fit savoir à tous les Juifs qui s’en retournaient en Judée qu’il leur rendait la liberté, et qu’ils ne devaient point craindre que ni les préfets, les magistrats et les gouverneurs, vinssent les troubler dans Jérusalem
Litt. : Et fit défendre à tous princes, magistrats et préfets de venir à leurs portes ; c’est-à-dire de les inquiéter et de les troubler.
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50Que tout le pays qu’ils avaient possédé autrefois serait libre, et que les Iduméens sortiraient des forteresses de Judée. 51Que tous les ans l’on payerait de son trésor vingt talents
Ce qui peut être évalué à 92,540 livres de notre monnaie, ou environ.
pour la construction du temple, jusqu’à ce qu’il fût entièrement achevé.
52Et que pour offrir chaque jour les holocaustes
Grec : Dix-sept holocaustes chaque jour.
sur l’autel, ainsi qu’il était ordonné par la loi
Cette loi des dix-sept holocaustes chaque jour ne se trouve nulle part dans l’Écriture.
, l’on donnerait encore dix autres talents
Ce qui peut être évalué à 46,270 livres, ou environ.
tous les ans.
53Que tous ceux qui retourneraient de Babylone à Jérusalem pour rebâtir cette ville, eussent une entière liberté, aussi bien que leurs enfants, et les prêtres qui les conduisaient. 54Il écrivit encore surtout ce que l’on devait fournir aux prêtres, et sur les ornements sacrés dont ils avaient besoin pour desservir dans le temple. 55Qu’on fournirait aux lévites tout ce qui leur était nécessaire jusqu’à ce que le Temple fût achevé, et que Jérusalem fût bâtie
Ceci ne peut pas s’entendre des murailles de la ville, ni de ses fortifications ; puisqu’il est certain que les Juifs ne reçurent la permission de les rebâtir que l’an du monde 3550, la vingtième année du règne d’Artaxerxès, qui permit à Néhémie de le faire, longtemps après la mort de Zorobabel, sous lequel l’auteur de ce livre suppose néanmoins que ce qu’il décrit ici est arrivé. Voy. II Esdr. , 1 et suiv.
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56Il ordonna de plus, qu’on donnerait des gages et des appointements à ceux qui seraient commis à la garde de la ville. 57Il renvoya les vases que Cyrus avait mis à part
Voy. le verset 44.
, et voulut qu’on les reportât tous à Jérusalem conformément à ce que ce prince avait ordonné
Ceci avait été exécuté sous Cyrus, et ces vases avaient été remis entre les mains de Sassabasar, c’est-à-dire de Zorobabel, dès les premières années du règne de ce prince, l’an du monde 2468. Voy. I Esdr., , 7. L’auteur du livre que nous annotons l’a rapporté lui-même au chap. , 11 et 12 ci-dessus.
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58Ce jeune homme
Zorobabel.
s’étant retiré
Litt. : Étant sorti de la chambre du prince.
se tourna du côté de Jérusalem
C’était la coutume des Juifs, en quelque lieu qu’ils fussent, de se tourner vers la ville de Jérusalem et vers le lieu que Dieu y avait choisi pour être adoré. Voy. Daniel, , 10.
, et rendit grâces au Roi du ciel.
59En disant : C’est vous, Seigneur, qui donnez la victoire ; la sagesse et la gloire vous appartiennent, et je suis votre serviteur. 60Soyez à jamais béni, vous qui m’avez rempli de sagesse et d’intelligence. Je confesserai votre nom
Je vous louerai.
, ô Dieu de mes pères !
61Et ayant pris les lettres du roi, il vint à Babylone
Ceci suppose que tout ce qui est dit ci-dessus se passa en Perse.
, et fit part de ces nouvelles à tous ceux de ses frères qui étaient dans cette ville
Autr. : Qui étaient revenus de Babylone.
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62Et ils bénirent tous le Dieu de leurs pères, de la permission et de la liberté qu’ils avaient obtenue, 63de retourner à Jérusalem, et d’y rebâtir le temple où son saint nom avait été invoqué ; et ils passèrent sept jours dans la joie et dans les concerts de musique.
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