Job 3
1Après cela, Job ouvrit la bouche et il maudit son premier jour, 2Disant : 3Périsse le jour où je suis né et cette nuit où l’on s’écria : C’est un homme ▼▼Les plaintes arrachées à la partie inférieure de l’âme par la violence de la douleur ne sont point des murmures. La volonté de Job demeura toujours soumise à la volonté de Dieu : c’est ce qui résulte non-seulement des témoignages des écrivains sacrés, qui le citent comme un modèle de patience (Tob., II, 2. Jacq., 1, 3), mais encore du témoignage que lui rend sa conscience (Ch. vi, 10, 26) de n’avoir point offensé Dieu par ses plaintes.
. 4Que cette nuit reste obscure ; que d’en haut jamais le Seigneur ne la rappelle ; que jamais lueur ne vienne l’éclairer. 5Que les ténèbres et les ombres de la mort la pressent ; qu’un sombre tourbillon tombe sur elle ; maudits soient ce jour 6Et cette nuit ; que l’obscurité la ravisse ; qu’elle ne compte pas dans les temps de l’année ; et que dans le mois elle ne soit point comprise. 7Mais que cette nuit ne soit que douleur, qu’on n’y voie jamais joie ni fête. 8Qu’elle soit maudite de Celui qui fait de ce jour un jour maudit et qui peut maîtriser le grand monstre marin ▼▼Les monstres marins sont la milice du prince du mal. (Voy. XLI, 25.) Dieu seul les dompte. (Voy. ci-après, XXVI, 5 et 13.)
. 9Que les étoiles de cette nuit soient éclipsées ; qu’elle ne cesse plus ; que la lumière ne lui revienne jamais ; qu’elle ne voie plus lever l’étoile qui annonce l’aurore ; 10Parce qu’elle n’a pas fermé les portes du ventre de ma mère, car elle eût ainsi détourné de mes yeux la douleur. 11Pourquoi ne suis-je pas mort dans les entrailles qui m’ont enfanté ? Pourquoi ne suis-je pas mort aussitôt que j’en suis sorti ? 12Pourquoi des genoux m’ont-ils recueilli ? Pourquoi ai-je sucé des mamelles ? 13Couché, je serais maintenant tranquille ; endormi, je me reposerais ; 14Avec les rois, arbitres de la terre, qui s’enorgueillissaient de leurs épées ; 15Ou avec les grands qui possédaient beaucoup d’or, et remplissaient d’argent leurs demeures ; 16Ou comme un fœtus avorté, ou comme ces enfants qui n’ont pas vu la lumière. 17Dans ce lieu-là les impies ont consumé tout le feu de leur fureur ; là se sont reposés ceux dont le corps était brisé de fatigue. 18Et avec eux la foule qui n’a jamais entendu la voix du collecteur ▼▼Eliphaz prétend contre Job que les afflictions sont toujours attirées par quelque crime au moins secret, ce qui est inexact.
, 19Et le petit et le grand, et le serviteur qui craignait son maître. 20Ah ! pourquoi le jour a-t-il été donné à ceux qui sont dans l’amertume, et la vie aux âmes pleines de douleurs, 21Qui désirent la mort et ne l’obtiennent point, semblables à ceux qui creusent en vain, cherchant un trésor, 22Et que la joie transporte s’ils viennent à le trouver. 23La mort est à l’homme un repos ; c’est le refuge où Dieu l’a réduit. 24Avant mes aliments je connais les sanglots, et je pleure saisi de crainte. 25Car ce que j’avais redouté m’a atteint ; ce que j’avais pressenti m’est survenu ▼▼Ceux qui sèment le mal moissonnent la douleur.
; 26Je n’ai point vécu en paix, je n’ai eu ni calme ni repos, et la colère de Dieu est tombée sur moi.
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