Job 31
1J’avais fait un pacte avec mes yeux pour ne pas même penser à une vierge ▼▼Il est spécialement nécessaire de réprimer la curiosité des yeux, si l’on veut conserver la pureté du corps et de l’âme. « Car, dit saint Grégoire, si l’âme est assez légère pour considérer ce qui peut exciter la concupiscence, elle désirera également ce qu’elle aura considéré. »
. 2Quelle part me réserverait d’en haut le Seigneur ? quel héritage devrais-je attendre du Tout-Puissant, du plus haut des cieux ▼▼Si je l’offensais.
? 3Malheur, perdition à l’injuste ; expulsion pour celui qui fait le mal ▼▼Expulsion, loin de Dieu, le souverain bien, ce qui constitue le souverain mal.
. 4Est-ce que le Seigneur ne verra point mes voies ? est-ce qu’il ne comptera point mes pas ▼▼Job récapitule sa vie, ses œuvres et les fautes qu’il n’a point commises, contre lesquelles il prononce des imprécations.
? 5Si j’avais été le compagnon des moqueurs ▼▼Les impies qui se moquent de Dieu et souvent aussi des hommes.
, si mes pieds avaient couru à la tromperie ! 6Mais je suis resté dans la juste balance, et le Seigneur connaît mon innocence. 7Si mon pied s’est jamais écarté de la voie, si mon cœur s’est laissé entraîner par mes yeux, si mes mains ont touché des présents, 8Que d’autres consomment ce que j’ai semé ; que sur la terre je devienne sans racines ▼▼Sans postérité.
. 9Si mon cœur a convoité la femme d’autrui, si j’ai fait le guet à ses portes, 10Que ma femme plaise à un autre homme ; que mes enfants soient humiliés. 11Car c’est une passion damnable, dans son emportement, que de souiller la femme de son prochain. 12C’est un feu qui dévore tout ▼▼C’est non-seulement une passion damnable, un grand crime que l’adultère, mais c’est une cause de grands malheurs pour l’âme et pour le corps. Cette horreur des peuples les plus anciens pour l’adultère devrait bien faire rougir notre prétendue civilisation, au sein de laquelle cette iniquité est, hélas ! si commune.
, et qui brûle ce qu’il touche jusqu’à la racine ▼▼La vie ainsi corrompue dans sa source propage les plus ignobles tendances dans les générations, et la famille est pervertie jusque dans ses racines des enfants nés vicieux deviennent le châtiment des parents et le fléau des sociétés.
. 13Si j’avais faussé le jugement que je rendais sur mon serviteur ou ma servante, lorsqu’ils avaient eu recours à ma justice, 14Que ferais-je quand le Seigneur à son tour me jugera ? qu’aurais-je à lui répondre s’il me visitait ? 15Est-ce que ceux que j’avais à juger n’avaient pas été, comme moi, conçus en des entrailles ? N’ont-ils pas été, comme moi, portés dans le sein maternel ? 16Aussi les pauvres ont-ils toujours trouvé chez moi ce qui leur manquait, et je n’ai point fait verser des larmes à l’œil de la veuve. 17Si j’ai mangé seul ma bouchée, si je n’en ai point fait part à l’orphelin ; 18Si dès ma jeunesse je ne les ai pas nourris comme un père, si du sein de ma mère je n’ai pas eu soin d’eux ; 19Si j’ai méprisé l’homme nu qui périssait, et ne l’ai point vêtu ; 20Si les indigents ne m’ont point béni, si leurs épaules n’ont pas été réchauffées par la toison de mes agneaux ; 21Si j’ai levé la main sur le pupille confiant en la supériorité de ma force, 22Que mon épaule se déboîte ; que mon bras soit broyé au-dessous du coude. 23En vérité, la crainte du Seigneur m’a paralysé ; je n’aurais pu supporter ses reproches, 24Si j’avais mis ma confiance dans l’or, si j’avais mis mon espoir dans les pierres précieuses ; 25Si je m’étais réjoui d’avoir possédé de grandes richesses, et pu poser ma main sur des trésors innombrables. 26Ne voyons-nous point le soleil dans son éclat s’éclipser, et la lune décroître ? car ils n’ont rien d’euxmêmes ▼▼Si j’ai porté mes titres de créance comme en triomphe pour les lire avec orgueil devant le peuple.
. 27Si donc mon cœur en secret s’est laissé séduire, et si j’ai baisé ma main en la portant à ma bouche ▼▼C’était un signe d’adoration usité chez les Orientaux. (V. II Rois, XIX, 18.)
, 28Que cette iniquité me soit gravement imputée ; car alors j’ai menti au Seigneur Très-Haut. 29Et si je me suis réjoui de la chute de mes ennemis ; et si j’ai dit en mon cœur : Bien ! 30Puisse mon oreille entendre que l’on me maudit, et dans mon affliction que le peuple murmure contre moi. 31Si mes servantes ont dit souvent ▼▼Détestant ma dureté.
: Qui nous accordera de nous rassasier de sa chair ? tandis que j’usais d’une grande bonté ; 32Car je n’ai jamais laissé l’étranger passer la nuit en plein air, et ma porte était ouverte à tout venant ; 33Si, ayant péché involontairement, j’ai caché mon péché : 34Car je n’étais point retenu par la honte de l’avouer devant la multitude ; si j’ai souffert que le pauvre sortit de ma maison le sein vide, 35Qui me donnera quelqu’un qui m’écoute ? Si je n’ai point eu crainte de la main du Seigneur ; 36Si, pour lire le titre que j’avais contre autrui, j’en ai ceint mes épaules comme d’une couronne ▼▼Si j’ai porté mes titres de créance comme en triomphe pour les lire avec orgueil devant le peuple.
; 37Si je ne l’ai point remis après l’avoir déchiré, sans rien exiger de mon débiteur ; 38Si jamais la terre a gémi contre moi, si les sillons tous ensemble ont pleuré ▼▼Si j’ai tyrannisé mon pays ; on sait que Job était chef de tribu.
; 39Si j’ai seul consommé ses fruits sans les payer, si en recevant d’injustes tributs j’ai affligé l’âme des possesseurs de la terre, 40Que les champs au lieu de froment ne produisent pour moi que des orties, et, au lieu d’orge, que des ronces. Et Job cessa de parler.
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