‏ Job 6

1Et Job, répondant, dit : 2Puisse-t-on peser et peser mes plaintes, et les mettre en balance avec mes douleurs
Il répond que ses douleurs sont très-grandes, tandis que sa conscience ne lui reproche que des choses légères. Ce n’est donc pas, conclut-il, uniquement pour ses péchés qu’il souffre. C’est toujours le grand problème des raisons de la souffrance en ce monde qui continue à s’agiter. Dans l’âme fidèle, l’expiation du péché n’est pas la seule raison de la souffrance, mais aussi l’accroissement de la patience, de la charité et du mérite.
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3Celles-ci seraient plus lourdes que le sable du rivage de la mer ; mais, à ce qu’il me semble, mes paroles sont méprisées. 4Car j’ai dans le corps les traits du Seigneur, leur violence boit tout mon sang, et, dès que je commence à discourir, ils me percent. 5Mais quoi ! est-ce sans motif que l’âne sauvage se met à braire, ou parce qu’il demande à manger ? et le bœuf mugit-il devant une crèche pleine de fourrage
Est-ce sans motif que je puis pousser de telles plaintes ?
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6Mange-t-on des aliments sans sel ? et trouve-t-on du goût aux paroles vaines ? 7Ma plainte peut-elle se calmer, quand je me repais, pour ainsi dire, d’odeurs infectes
L’infection de la lèpre est, pour ainsi dire, mon aliment.
comme celle du lion ?
8Plût au ciel que ma prière fût exaucée ! puisse le Seigneur m’accorder ce que j’espère ! 9Le Seigneur ayant commencé, qu’il me blesse, mais qu’il ne me perde pas pour toujours
Job se résigne à souffrir, pourvu que Dieu l’épargne dans l’éternité.
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10Que le sépulcre soit ma ville, dont j’aie franchi le mur d’un saut ; je ne chercherai pas à l’éviter, car je n’ai jamais éludé les saintes volontés de mon Dieu
Job se rend ici témoignage, que même au plus fort de ses douleurs il est toujours resté soumis à la volonté de Dieu. Ses plaintes n’étaient, comme dans les saints, que la voix de la nature : la volonté se reposait en Dieu.
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11Quelle est donc ma force pour tout supporter
Mes plaintes ne doivent pas étonner, car la nature est faible.
? Quel est donc mon temps, pour que mon âme soutienne son courage ?
12Est-ce que ma force est la force des pierres ? Est-ce que mes chairs sont d’airain ? 13N’ai-je pas mis ma confiance en Dieu ? Mais le secours est loin de moi. 14La miséricorde m’a été déniée, la visite du Seigneur m’a délaissé
Le Seigneur délaisse ainsi ses amis les plus chers, par la soustraction des grâces sensibles, afin d’éprouver et de perfectionner leurs vertus, et de pouvoir les visiter ainsi d’une manière bien plus parfaite, comme il advint à Job.
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15Mes plus proches ne m’ont point regardé ; ils ont disparu comme un torrent, ils ont passé devant moi comme un flot. 16Ceux qui me révéraient sont maintenant tombés sur moi, comme la neige ou la glace ; 17Quand elles fondent, la chaleur étant venue, on ne sait plus ce que c’était. 18C’est ainsi qu’ils m’ont tous abandonné
Il se plaint de la dureté de ses amis.
; je suis perdu et je suis devenu sans asile.
19Regardez les chemins de Théman ; voyez les sentiers de Saba
Regardez de tous côtés, quelqu’un vient-il à mon secours ? Personne.
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20Ils auront à rougir de honte, ceux qui se confient en des villes et des richesses
C’est donc en vain que l’homme mettrait sa confiance dans les richesses ; j’ai été riche, et à peine suis-je déchu, que tout le monde m’abandonne.
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21Et vous aussi, vous êtes venus à moi sans pitié, et, quand vous avez vu ma plaie, vous avez eu peur. 22Pourquoi donc ? Vous ai-je rien demandé ? Est-ce que j’attends de vous quelque force 23Pour me sauver des mains de mes ennemis, et me délivrer des mains des puissants ? 24Instruisez-moi, et je garderai le silence ; si j’ai erré en quoi que ce soit, dites-le-moi. 25Mais, à ce qu’il me semble, les paroles d’un homme sincère sont méprisées ; je ne vous demande aucun secours. 26Vos réprimandes ne me rendront pas le calme, car je ne puis supporter le bruit de vos paroles. 27En effet, vous tombez sur un orphelin, vous vous jetez sur votre ami. 28Oui, maintenant je vous regarde en face, et ne mens point. 29Asseyez-vous donc, et rejetez l’iniquité ; soyez encore avec le juste ; 30Car ma langue dit-elle rien qui ne soit équitable, et mon gosier ne médite-t-il pas la sagesse ?
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