‏ Job 19

1Et
Job récapitule ses maux et les attribue à la volonté du Seigneur ; mais, quoiqu’il les trouve trop grands pour ses offenses, il se plaint et ne murmure pas. Il espère encore la couronne de gloire que Dieu réserve aux justes qu’il a éprouvés. (S. Grégoire.)
Job, reprenant, dit :
2Jusqu’à quand fatiguerez-vous mon âme, et me tuerez-vous par vos discours ? Sachez seulement que c’est le Seigneur qui m’a traité de la sorte. 3Vous parlez contre moi, et vous n’avez point honte de m’opprimer. 4J’ai véritablement erré, soit ; l’erreur réside avec moi ; j’aurais dit ce qui n’est pas à dire ; ma parole s’égare et n’est pas de saison. 5Cessez, car vous vous dressez contre moi ; vous m’insultez par vos reproches. 6Apprenez cependant que c’est le Seigneur qui m’a frappé
Mes maux sont des épreuves qui viennent de Dieu, et non des châtiments.
, et qu’il a élevé contre moi des retranchements.
7Voilà que je me ris de vos injures, je me tairai ; car lors même que j’aurais crié, je n’obtiendrais pas de jugement. 8Mais je suis entouré de murailles que je ne puis renverser, et le Seigneur a mis l’obscurité devant moi
Dieu me tient tellement à l’étroit et dans les ténèbres que je ne puis me délivrer ni trouver aucun secours.
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9Il m’a dépouillé de ma gloire ; il a ôté la couronne que j’avais sur la tête. 10Il m’a tiraillé dans tous les sens, et j’ai succombé ; il a abattu, comme un arbre, toute mon espérance. 11Il a déployé contre moi une colère terrible ; il m’a considéré comme un ennemi. 12Ses épreuves m’ont assailli toutes ensemble ; elles se sont placées en embuscade sur toutes mes voies. 13Mes frères se sont éloignés, ils ont reconnu des étrangers plutôt que moi ; mes amis n’ont eu aucune compassion. 14Mes plus proches m’ont laissé sans soins, et ceux qui savaient mon nom m’ont oublié. 15Pour mes familiers mêmes et les servantes de ma maison, je suis un étranger. 16J’ai appelé mon serviteur, et il n’est point venu ; ma bouche suppliait ; 17J’ai imploré ma femme, j’ai demandé les fils de mes concubines
Femmes légitimes, mais inférieures à l’épouse. Voy. Gen., xxv, 6.
en les flattant :
18Ils m’ont répudié pour toujours ; lorsque je me relève, ils parlent contre moi. 19Ceux qui m’ont vu m’ont eu en horreur ; ceux que j’avais aimés se sont déclarés mes ennemis. 20Mes chairs sous ma peau pourrissent ; mes os sont comme entre des dents qui les rongent. 21Ayez pitié de moi, ô mes amis, car c’est la main du Seigneur qui m’a touché
Voilà, dit saint Grégoire, l’esprit des justes. Loin de s’irriter contre leurs ennemis, ils cherchent à les adoucir par leurs prières.
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22Pourquoi me poursuivez-vous comme fait le Seigneur ; n’êtes-vous pas rassasiés de ma chair
Ne m’avez-vous point assez tourmenté à votre gré ?
?
23Qui donc écrirà mes paroles pour les déposer en un livre impérissable ? 24Qui les gravera avec un burin sur le plomb ou sur la pierre
On écrivait dans les temps anciens sur la pierre ou sur des tablettes de plomb. Job voudrait voir gravé sur la pierre ce qu’il va dire sur la résurrection à cause de son importance.
?
25Car je sais qu’il est éternel Celui qui doit être mon libérateur
Le mot hébreu signifie le vengeur du sang, le libérateur. C’était l’expression consacrée pour désigner le plus proche parent qui devait venger la mort. Ce nom convient parfaitement à Notre-Seigneur JésusChrist, qui, en se faisant homme, s’est uni à nous par le lien du sang et a pris sur lui la charge de venger la mort infligée à l’homme par Satan.
sur cette terre
Celui qui doit me délivrer, me délier sur la terre, faire résoudre en terre ce corps de mort qui me retient captif.
,
26Et faire revivre ma peau qui éprouvera ces choses
Job professe ici le dogme de la résurrection, qui faisait partie du dépôt de la révélation primitive. Ces choses, c’est-à-dire l’état nouveau de la résurrection.
; car c’est le Seigneur qui a disposé pour moi toutes ces choses
Le Seigneur m’a préparé cette récompense. Les versets 25-27 ont été, à cause de leur obscurité, traduits de diverses manières dès les temps les plus anciens. Quoiqu’un peu différente de la Vulgate, la version des Septante confirme, elle aussi, l’interprétation favorable au dogme de la résurrection.
27Dont j’ai conscience en moi-même, que mon œil a vues, et non l’œil d’un autre
Il s’agit ici de l’œil de la foi qui éclairait Job dans son épreuve et non ses ennemis. Le passé est probablement mis ici pour le futur : Job est tellement sûr de son espérance, qu’il parle comme s’il avait déjà vu de ses yeux l’état futur de la résurrection.
, et qui déjà sont accomplies en mon sein
Par l’espérance certaine que j’ai de les posséder.
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28Et si vous demandez : Que dirons-nous contre lui ? quel sujet de discours trouverons-nous en sa personne
Que si de parti pris vous voulez trouver de quoi m’accuser, sachez donc qu’il y a une justice qui vous attend après la résurrection.
?
29Prenez garde, vous aussi, à ce qui est caché
A la justice de Dieu, qui est cachée et comme voilée en ce monde, et qui se manifestera au dernier jour.
; car la colère tombera sur les méchants, et alors ils verront où est leur matière
Leur substance, leurs richesses : ce sera leur tour de souffrir et d’être dépouillés de tout.
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